L'eau dans le pays de Fayence
une ressource qui n'est pas infinie

L'eau douce pour la consommation humaine, - c'est à dire pour les usages domestiques, agricoles et industriels y compris les transports - est une ressource minérale qui n'est pas infinie, comme l'air. Cette prise de conscience est récente. Tant que la population humaine est restée peu nombreuse à l'échelle de la planète, avec une technique limitée, l'eau et l'air étaient considérées comme des ressources en quantités infinies et gratuites. L'explosion de la technique et de la population mondiale au cours des cinquante dernières années, montre qu'il n'en est rien. La production de gaz à effet de serre émis par la consommation de combustibles fossiles, montre que la température du globe s'élève dangereusement au point de menacer la survie de l'humanité. L'eau commence à manquer dans de nombreuses parties du monde, y compris dans le pays de Fayence.

Voici quelques chiffres clé publiés par l'ONU. La consommation mondiale a triplé depuis 1950, un peu plus que l'accroissement de population qui a été multipliée par 2.5; l'eau est utilisé à 70% pour l'irrigation par l'agriculture, 20% pour les usages industriels, et 10% pour les usages domestiques. Il faut 1000t d'eau par tonne de céréales produite. L'eau visible des lacs et des rivières commence à manquer partout. Des grands lacs du monde sont en voie d'assèchement, des grands fleuves ne parviennent plus à la mer. Pour pallier à l'insuffisance ou la disparition des grandes réserves d'eau douce visibles, on a recours de plus en plus à l'exploitation des ressources cachées; mais les prélèvements sont partout supérieurs aux recharges naturelles et les nappes phréatiques s'abaissent à des vitesses élevées de 2m/an jusqu'à 8m/an en certains endroits.

Notre canton de Fayence subit la même évolution. Le lac de St Cassien est devenu insuffisant, les prélèvements doivent être limités pour ne pas dépasser la recharge. La source de la Siagnole aussi et l'on a recours maintenant à un forage profond pour alimenter Fréjus, le forage de la Barrière, qui avec ses 100l/seconde de débit maximum, risque d'affecter l'alimentation de la nappe phréatique de la plaine alluviale de Fondurane et d'assècher les puits. S'il faut 1000t d'eau par tonne de céréales, qu'en est-il de l'herbe de nos golfs et de celui de Terre Blanche en particulier. Un prélèvement autorisé de 650 000 tonnes, une utilisation de 480 000 tonnes en 2005, pour produire et tondre de l'herbe 1 fois par semaine sur 120 hectares de parcours de golf; et le promoteur du même golf voudrait faire 2 autres golfs à St Paul; mais comme la SCP lui refusera un nouveau prélèvement dans le lac de St Cassien, le promoteur voudrait chercher de l'eau cachée en profondeur. Conscient du problème d'eau il parle maintenant de 2 golfs de 9 trous au lieu de 18 trous; donc d'un golf de 18 trous; mais un golf de 18 trous de 65 hectares ça demande 200 000 tonnes d'eau par an. La Provence est un pays sec; il y a déjà pas assez d'eau visible pour tout le monde; l'eau commence à manquer. Et l'eau cachée est principalement d'origine karstique au piémont de nos massifs calcaires. La géologie de St Paul n'est pas favorable à l'existence de réservoirs profonds. La nappe phréatique proche de la surface est alimentée par les pluies. Alors le promoteur de Château Grime va chercher l'eau ailleurs et priver d'eau des habitants du canton.

Production et distribution de l'eau dans le pays de Fayence et l'est du Var

Une ressource minérale comme les autres

L'eau telle que nous l'observons depuis des millénaires est le résultat d'un cycle: évaporation de la surface des océans, formation de nuages, transport des nuages au dessus des masses continentales, précipitations, et retour vers les océans avec érosion, ruissellement, formation de cours d'eau et de rivières, mais aussi stockage d'une partie, dans des reservoirs naturels - mers intérieures et lacs, karsts, nappes phréatiques. Au passage, l'homme prélève l'eau pour ses besoins, l'utilise et la transforme, en y ajoutant ses polluants organiques et chimiques, lesquels, dans leur majeure partie, sont déversés dans les océans.

Avec l'accroissement des moyens techniques dont disposent nos pays développés aujourd'hui, il est possible d'aller chercher l'eau cachée, enfouie dans les reservoirs naturels sous terre, au moyen de forages profonds, de pompes immergées de grand débit, et de la distribuer sur de grandes surfaces et à des utilisateurs de plus en plus nombreux dont la consommation spécifique (m3/habitant et par an) ne cesse d'augmenter. Mais cette eau n'est pas en quantité infinie, compte tenu de l'accroissement des populations et de leur consommation spécifique, résultat des modes de vie notamment dans les pays les plus riches. Globalement, la consommation d'eau a triplé au cours des 50 dernières années, c'est à dire depuis qu'on a commencé à mesurer cette consommation.

Les prélèvements d'eau dans les réserves excèdent de plus en plus fréquemment la capacité de recharge. Les dérivations de fleuves pour les besoins de l'irrigation sont en train d'assècher des mers intérieures (Aral, Tchad, Nakuru). Plusieurs grands fleuves dans le monde ne parviennent plus à la mer (l'Indus, le Colorado entre autres). De plus, la détérioration de la qualité de l'eau lors des usages domestiques, agricoles et industriels, pose de vrais problèmes que la multiplication des stations de traitement ne suffira pas à résoudre. Les polluants chimiques, notamment les pluies acides provoquées par la combustion des combustibles fossiles, détruit la vie dans les lacs et mers intérieures; les concentrations en métaux lourds sont en train d'affecter la vie dans les océans.

Et où en est la désalinisation de l'eau de mer

La désalinisation d'eau de mer ou d'eaux saumâtres, a pour application principale actuelle, la production d'eau potable. L'application à l'agriculture est actuellement non rentable économiquement, notamment par comparaison avec les techniques de traitement des eaux usées de l'agriculture. Aujourd'hui l'application à l'agriculture est limitée à des zones particulières - proximité des installations de production, périphéries des villes, certaines cultures à valeur élevée et là où l'énergie est à bas coût et où les coûts d'investissement sont fortement subventionnés.

En l'état actuel de la technique et de l'économie mondiale, la désalinisation ne permettra pas de résoudre les pénuries d'eau qui vont sans doute se traduire par des récoltes en diminution importante dans les pays arides où la sécheresse va sévir, et ceci se conjugue avec la diminution de fertilité des sols. Les tensions sur l'approvisionnement en eau risquent de se traduire par des tensions sur le commerce international des céréales, car ceux qui n'auront plus d'eau voudront importer leurs grains.

Au Yemen, à Sana'a la nappe phréatique a baissé de 8m et les autorités craignent que toute l'agriculture péri-urbaine va disparaître au cours de la prochaine décennie. Le Yemen parle de déplacer la capitale sur la côte pour utiliser de l'eau de mer désalée. J'observe que les populations concernées aujourd'hui par la désalinisation sont des petites communautés près de la mer, où le coût de l'énergie est faible, pays du golfe persique et les producteurs de pétrole. La production et le transport à grande distance de quantités importantes pour l'irrigation des cultures est exclu avec la technique et les conditions économiques d'aujourd'hui. J'ai étudié autrefois un projet de mine de fer en Arabie Saoudite Wadi Sawawin situé à 150km de la côte ouest; la solution désalinisation par voie thermique fut envisagée pour l'enrichissement des minerais mais elle n'était pas viable. La désalinisation a aussi des côtés négatifs dont l'impact environnemental est encore mal connu, notamment que faire des saumures. Les rejeter en mer paraît exclu.

Avec la fusion nucléaire, l'économie des techniques de désalinisation deviendrait théoriquement possible, mais comme pour toute technique et surtout celle "d'après demain", on ne sait pas quels seront les effets secondaires négatifs de la fusion nucléaire. A supposer que la fusion nucléaire soit sans effets négatifs au lieu de production de l'énergie, quels seront les effets sur la planète et localement, d'une énergie disponible sans compter, car tous les excès seront possibles: excès de pompage de l'eau, déforestation... nul ne sait.

Voir la liste de liens que j'ai ajoutés sur la pénurie grandissante d'eau dans le monde; en particulier celui de l'ONU - FAO, Rome Avril 2005; ce document fait le point sur l'état actuel des techniques de désalinisation de l'eau de mer.

L'eau comme l'air sont donc des ressouces minérales finies, globalement à l'échelle de la planète, et plus encore à l'échelle de leurs distributions régionales.

Pour comprendre la finitude des ressources en eau et en air, il faut expliquer ce que nous comprenons de leurs origines; origine de l'univers, du système solaire et de notre planète qui appartient à ce système.


Partager | Suivez moi sur twitter @pratclif

Mis à jour le 29/01/2017 pratclif.com