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Montauroux; Quel avenir politique (suite)

JPB me dit "présentez vous aux élections contre moi, sinon cassez-vous"! Il n'a raison qu'en partie. Certes pour changer quelque chose dans le modèle de développement de ce pays de Fayence, dominé par celui de Montauroux cad. l'étalement résidentiel à faible densité dans les zones ND avec toutes les conséquences que cela implique en matière de réseaux, d'entretien, de dépenses publiques, il faudrait être élu. Mais les idées nécessaires pour comprendre le phénomène, s'ajoutant à ceux des services de l'État, sont aussi nécessaires, qu'elles viennent d'associations ou d'individus comme moi.

Les choses commencent à changer par la volonté de l'État, la loi SRU qui modifie sensiblement le code de l'urbanisme, institue les Plans locaux d'urbanisme PLU, les regroupements de communes en communautés EPCI et les schémas de cohérence territoriale SCOT. Callian est la première des 8 communes du canton à avoir adopté le nouveau modèle de développement - un modèle de développement maîtrisé, de restriction de l'étalement résidentiel dispersé (voir PLU de Callian). Puisse cette évolution s'étendre à d'autres communes du canton et progressivement nourrir le SCOT.

Historiquement, après la guerre 1939-1945, les 30 glorieuses ont vu la reconstruction, le développement économique de la France et le rattrapage par rapport au modèle de consommation américain. À partir des années 1970, les gens enrichis par cette évolution, ont commencé à revenir dans certaines zones rurales les plus proches des grandes villes. Le mouvement s'est accentué avec l'accès de la voiture pour tous, l'essence et le fioul pour le chauffage à bon marché, l'électricité et la croissance de la puissance des compteurs permettant d'alimenter toutes sortes d'appareils ménagers puissants. Constatant que ce mouvement conduisait à un étalement résidentiel hors des centres urbains qui deviendrait de plus en plus coûteux pour les communes et leurs contribuables, l'État mit un frein au processus par le code de l'urbanisme et obligea les communes à définir des plans d'occupation des sols avec zonages et destination de leurs sols par ces zonages.

Au début, les maires devaient soumettre les permis de construire qu'ils accordaient , à l'approbation des services de l'État. C'est ainsi que l'on a pris conscience du processus. Puis dans le cadre de la décentralisation, l'État s'est déchargé de ce contrôle et a donné toute latitude aux maires d'accorder les PC dans les zones dédiées de leurs POS. C'est alors qu'est apparu une aggravation du phénomène d'étalement, certains maires attribuant des PC de manière débridée dans les zones ND. Les zones ND étaient celles dans lesquelles les gens étaient revenus durant les années 1970 et 1980, relativement loin des centres. Il était considéré que les communes n'y investiraient pas ou peu en infrastructures, autrement que les gens étaient venus là pour jouir de la vie à la campagne de manière plus ou moins frugale et qu'ils n'attendaient pas les services complets de la ville. Tout ceci est bien expliqué dans cette étude de J.Daligaux géographe, professeur à l'université d'Aix en Provence.

Depuis les années 1980, Montauroux et ses maires successifs ont adopté le modèle d'étalement résidentiel évoqué ci-dessus. C'est principalement en raison de la proximité de la commune par rapport au bassin d'emplois des Alpes Maritimes et à la disponibilité de grandes réserves foncières privées en zones ND. Les propriétaires fonciers des terrains dans ces zones espèrent vendre à des conditions avantageuses et d'autant plus cher que la demande de terrains à construire est plus forte que l'offre. C'est la raison pour laquelle JPB dit que Montauroux a la capacité pour accueillir 10000 habitants, soit 5000 de plus qu'aujourd'hui en 2010. Montauroux est la commune géographiquement la mieux placée pour l'afflux de périurbains du 06. Et JPB dit "tant que je serai maire, je ne transformerai pas le POS en PLU (ce qui signifie "je n'appliquerai pas la loi SRU"); "je ne spolierai pas les propriétaires de terrains en zone ND, comme des petits retraités qui ont acheté un terrain en vue de leur retraite".

Le POS de la commune est devenu PLU depuis le 1er janvier 2010, mais la loi n'oblige pas la commune de procéder à la révision complète du POS par la nouvelle procédure du PLU, car cela impliquerait forcément une restriction sur les zones ND, l'obligation de densifier l'existant, et des restrictions sur les possibilités d'accroissement de la population. Cette posture de JPB est selon moi électoraliste et orienté vers la partie la plus vernaculaire de la population.

En plus de l'aspect du foncier et des zones ND, on peut s'interroger sur un maire ayant été entrepreneur de construction de piscines - même s'il a pris sa retraite et que son entreprise est désormais familiale. Je veux seulement dire ceci: quand un maire est entrepreneur, qu'il a forcément des relations professionnelles avec ses confrères, d'autres entreprises de construction et de travaux publics, quand on observe que le mode de développement de la commune est centré sur la construction de résidences (mitage ce qui est critiqué par les services de l'État) et de centres commerciaux, on peut se demander si sa conception du développement de la commune n'est pas biaisée par le fait qu'il est un entrepreneur du secteur du bâtiment.


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Mis en ligne le 27/06/2010 par Pierre Ratcliffe.