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À propos de l'évolution du pays de Fayence

L'actualité et le débat à propos de billets sur l'implantation d'un McDo à Callian, et de rumeurs sur un Quick et un bowling à Montauroux amènent à réfléchir sur la poursuite de l'évolution du pays de Fayence en relation avec la loi SRU, les PLU, la CdC et le SCOT.

Les nombreux commentaires des lecteurs sur ces billets, reflètent ce que tout le monde ressent plus ou moins confusément: les avantages et inconvénients de l'évolution de notre société locale après les trois dernières décennies d'évolution.... Les défauts évidents de la situation actuelle résultent d'une profonde transformation depuis le début des années 1980 - pour ne pas remonter au néolithique. Ces défauts sont liés à la périurbanisation, à l'étalement urbain, à la dispersion de l'habitat dans les zones NB, à la création de centres commerciaux spécialisés regroupant les activités économiques avec des aires de parking pour l'accès en voiture, à la désertification des villages, à la ségrégation de l'habitat par couches sociales - riches, moyens et pauvres, étrangers et locaux, personnes âgées sans voiture, jeunes sans perspectives d'intégration et d'emploi de qualité, voire d'emploi tout court, etc. etc.

Tout cela est le résultat de la transformation de nos modes de vie, grâce à la voiture et aux transports permis par le pétrole. De nombreux chercheurs ont analysé le phénomène, la plupart sont urbanistes ou sociologues; la Safer et leur manifeste pour les paysages en est un élément parmi de multiples autres. Un numéro spécial (juin 2010) de la revue des Ingénieurs des Mines, est consacré au sujet "les déplacements du futur". C'est une contribution utile à ce débat. En voici un extrait (lien) .

Dans l'élaboration du PLU de Callian, le dossier SuperU à Fayence, le dossier Crouis à Tourrettes, la même analyse est faite dans chaque cas par le cabinet de conseils mandaté, cad. la croissance de la population s'accompagnant de mitage, d'étalement urbain et de consommation excessive d'espace foncier... Et dans le diagnostic du SCOT, les dires de l'État sont encore plus explicites notamment sur le développement commercial... Je cite... le chapelet des installations commerciales qui s'étalent sur tout le territoire le long de la RD562 avec des espaces intersticiels restés agricoles.... Ces analyses concernent principalement les 4 communes noyau et particulièrement l'unité urbaine Montauroux et Callian caractérisée par une rupture entre les villages perchés et la plaine et une poursuite du développement. Callian a une zone concentrée sur Agora bien conçue au départ mais avec des extensions contestées. Montauroux a plusieurs zones en chapelet le long de la RD562. Tourrettes après avoir subi la même évolution et la véritable mort de son village, semble présenter aujourd'hui un caractère plus stable. À Fayence, on ne voit pas de rupture brutale entre le village et la plaine; il y a continuité entre le village, qui a gardé ses commerces, et son extension dans la plaine.

Toute la difficulté des maires de ces communes depuis trois décennies est de gérer cette évolution vers la périurbanisation, le mitage et l'étalement urbain, l'éclatement de la ville entre le résidentiel et le commercial concentré. Après six décennies d'évolution dans ce sens, permis par le tout voiture, les inconvénients de ce modèle apparaissent de plus en plus lourds, coûteux et environnementalement facheux pour la collectivité. Au point que nous commençons à vouloir revenir en arrière et à modifier ce modèle. Un commentateur a dit (pertinemment!) que j'étais d'un autre temps! Oui car j'ai connu la petite ville où tout était intégré dans le tissu de la ville: habitat, commerces, activités artisanales et industrielles... Où l'on se déplaçait à pied d'un quartier à l'autre; où la mixité sociale était une réalité... Riches, moyens et pauvres habitaient proches les uns des autres. Tout cela a perduré de manière encore prédominante mais déclinante jusqu'à la fin des années 1970. Et depuis les années 1980 tout s'est accéléré avec le modèle des grandes surfaces, les transports, les autoroutes etc. C'est comme cela que les ghettos de pauvres se sont développés avec des jeunes qui ne voient aucune perspective d'en sortir, que les personnes âgées ne sont plus intégrées et qu'il faut les assister à domicile, que la ville s'est éclatée entre espaces résidentiels et zones commerciales ....

Voilà les vrais problèmes dont MacDo (lien) - et la perception qu'en ont les gens (lien) - n'est qu'un élément; comme la pointe d'un iceberg au milieu d'une mer couverte d'icebergs et dans laquelle le bateau navigue avec son capitaine et son équipage. Il en est de même des rumeurs d'un Quick et d'un bowling à Montauroux.

Il est clair qu'une personne physique ou morale qui a des capacités d'investissement, investit pour gagner de l'argent et accumuler du capital. En créant et en agrandissant des zones d'activités dans les communes, c'est de tels investisseurs qu'on appelle, car c'est notre système d'économie de marché. Investir ainsi est mieux que de spéculer sur les marchés financiers et d'alimenter une bulle spéculative et la crise, car cela crée de l'emploi; il faut donc s'en réjouir. On n'empêchera donc pas un McDo ou un autre de s'installer, comme Norauto Quick ou un bowling; et si une patinoire était jugée rentable, nous aurions une patinoire.... Mais avec la connaissance des évolutions de la société, l'élu peut essayer d'infléchir les choses selon sa conception du bien commun et de sa vision de l'avenir, conception qui dépend des connaissances communes développées à tous les niveaux. J'espère qu'à travers la loi SRU, les PLU et le SCOT de notre communauté de communes, il en sera ainsi.

La loi SRU, les PLU et le SCOT sont les instruments nouveaux que le législateur a mis à disposition des collectivités, pour mieux gérer les territoires dont ils ont la charge, dans la perspective d'un développement durable.


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Mis en ligne le 22/07/2010 par Pierre Ratcliffe.