En réponse à Daniel Colombo

Vous réagissez bien tardivement en m'envoyant un mail non publiable sur le blog car trop long, et essentiellement pour me fustiger! Votre "Le temps me manque???? pour envisager un article???? qui répondrait point par point??? à votre critique??? que j'ai trouvée subjective??? et inutilement polémique et aggressive. Je me contenterai de contester quelques unes de vos opinions." en fait DEUX: Fontsante et Pont de Préclaou! Comme tonalité agressive et polémique difficile de faire plus. Heureusement pour mon EGO! vous finissez en "conclusions" par de meilleurs sentiments à mon égard.

Cela dit, il y a dans votre mail une partie qui me parait particulièrement intéressante pour la compréhension du traitement des OMR par incinération; il s'agit des données concernant les fumées de l'incinérateur envisagé à Fonsante début des années 1990. Vous auriez pu me donner ces éléments dès le début, j'aurais pu immédiatement nuancer mon billet, apporter cette information et la commenter en vue d'éclaircissements supplémentaires. C'est que j'ai fait.

Ma réaction à "vos raisons d'espérer" m'était inspirée par la visite que j'ai faite le 25 mars à l'usine de traitement des OMP multi-filières de Fos/mer - y compris l'incinération de la partie non fermentiscible des OMR - mise en service le 10 janvier 2010. Le dossier que j'ai préparé à l'issue de cette visite relate toute l'histoire de ce projet - y compris l'opposition... ainsi que la description du process, le traitement des fumées, les analyses de machefers et dévolution des MIOM et des REFIOM ainsi que des gaz rejetés par les cheminées et leur mesure en éléments polluants. Vous devriez lire ce dossier.... car je crois que tout y est. Cliquer.

Cela dit, j'ai utilisé les données que vous m'avez communiquées... Cliquer.

Je commente:

  1. Vous avez pris 7000Nm3/t incinérée. Cela aurait dû vous conduire à 677.13t/an de polluants dans les fumées de cheminée rejetées. En fait il faut prendre 6000Nm3/t, ce qui conduit effectivement avec votre méthode, à 586t/an. L'installation était pour traiter 20t/heure de déchets non fermentiscibles comme toutes la plupart des installations techniques en cours. En pratique le taux d'utilisation du four est de 7500h/an, et avec ce chiffre le traitement ne serait que pour 150000t/an d'OMR au lieu de 165000t/an et vos 586t/an seraient alors de 527t/an.
  2. Mais les experts que j'ai consultés me disent que 586t/an est faux par un facteur de 10. Pourquoi? Les seuils indiqués en 1991 étaient des seuils maxi à ne pas dépasser, et ce avec ou sans épuration des fumées de combustion par un système de dépollution. Le fait que les teneurs prises selon SIVOM étaient toutes supérieures à ces seuils maxi aurait signifié que l'usine était interdite; cela me laisse penser qu'effectivement c'étaient des teneurs sur fumées non dépolluées. Les experts que j'ai consultés me donnent des teneurs sur fumées dépolluées beaucoup plus faibles que les seuils maxi, de sorte que le total avec ces teneurs serait de 58t/an. C'est le cas à l'incinérateur de Lagny. De plus, les seuils édictés par la directive européenne 2000 sont plus draconiens encore! ils ajoutent aussi des polluants non pris en compte en 1991 à savoir les Nox (seuil 200mg/Nm3) et les furanes et dioxines (seuil 0.1ng ou 100pg). Vu ce que je sais du SIVOM et des capacités d'analyse locales, je doute que tout était expliqué sans possibilité d'erreur d'interprétation en 1996. Ce serait bien pour moi d'avoir des documents mis à la disposition du public à l'époque.
  3. Ce n'est pas le tonnage annuel qui compte, mais les caractéristiques de dispersion, de retombée au sol et de la comparaison avec les teneurs au sol issues d'autres sources de pollution donnant les mêmes polluants, ex. les dioxines. Je note que personne ne raisonne en tonnage annuel. La directive UE de 2000 impose un suivi des quantités émises sur 24h, il n'est plus question de tolérer des marches sans dépollution. Certes un incinérateur à Fonsante ne sera sans doute jamais accepté en raison de la proximité du lac et de l'alimentation en eau des communes de la côte. Mais je crois qu'un incinérateur dans l'Est Var finira par s'imposer, vu l'évolution technique et économique de la région, la consommation et la production de déchets dont les OMR. Tout en ayant une durée de vie de 25 ans, les incinérateurs modernes sont conçus de manière modulaire pour pouvoir s'adapter à la diminution des seuils de dangerosité et à l'introduction de seuils d'autres polluants.
  4. À ce que je sache, vous n'êtes pas spécialiste de ces questions très complexes sur le plan technique, ni ingénieur.... Comme chacun de nous vous avez le droit d'exprimer une opinion.... mais vu le niveau requis de compétences très pointues, c'est un avis à prendre avec circonspection. En toute amitié, je suggère que la meilleure lecture à faire pour vous qui n'avez pas de temps à perdre, est dans le document suivant (extrait des liens de mon dossier). Cliquer

Pour les autres sujets, exprimant comme vous une opinion, je suis bien d'accord que l'opposition des populations, affectées par les décisions prises par les décideurs pour résoudre de vrais problèmes de société, est souvent source de progrès. Cela consiste à dire: "votre solution n'est pas bonne, ne nous satisfait pas, trouvez en une autre...". C'est comme cela qu'on a arrêté le projet de ligne à très haute tension THT, que le pont de Préclaou a été renforcé au lieu d'être reconstruit, que la RD101 ne se fera pas en longeant les Esterets du lac, que le SuperU ne déménagera pas dans un terrain agricole, etc. On voit cela aujourd'hui avec les évènements en Vendée et en Charente Maritime après la tempête Xinthia. Quand l'opposition amène les décideurs à trouver de meilleures solutions à de vrais problèmes, c'est effectivement un progrès et cela constitue "des raisons d'espérer". Quand je parle d'éco-idécologie, je veux dire que, si l'opposition est le refus de toute solution à un vrai problème, alors c'est plutôt "des raisons de désespérer".

Pour conclure à votre façon, je connais vos positions anti néolibérales dans la mouvance ATTAC, vous positions écologiques.... et je les partage globalement avec des nuances! Lisez d'ATTAC "Sortir de la crise globale" de Jean Marie Harribey et Dominique Plihon, "l'enfermement planétaire" d'André Lebeau et "Nourrir l'humanité" de Bruno Parmentier .... je pense que vous y trouverez exprimées, toutes les analyses qui constituent notre accord global.


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Mis en ligne 11/04/2010 par Pierre Ratcliffe.