Eau pour les agriculteurs: La révolte gronde dans les campagnes!


extrait de Var Matin 21/09/2007

La décision préfectorale et de la direction de l'Agriculture et de la Forêt de juillet de diminuer de moitié le débit des canaux d'arrosage en raison de la sécheresse ne satisfait personne chez les arrosants, ou presque. Si certains font contre mauvaise fortune bon coeur, d'autres, comme les agriculteurs qui bénéficiaient de cette manne, font carrément grise mine.

C'est notamment le cas dans le secteur vidaubanais, où le canal des Moulins est à sec. Celui-ci, qui parcourt six kilomètres entre le barrage d'Entraigues jusqu'à Vidauban, alimente les propriétés de centaines de personnes, dont une trentaine de professionnels.

Des centaines de personnes sont concernées

Marc Bonali, horticulteur à Vidauban, a ainsi été obligé de se brancher sur l'eau de la ville pour arroser les 4000 pots de chrysanthèmes qu'il destine à sa clientèle de la Toussaint. Il a ainsi été contraint d'investir 1500€ dans un goutte-à-goutte, chaque pot ayant besoin d'une ration quotidienne de 350 ml. En outre, l'eau de la ville est plus chère et moins pure que l'eau du canal, avec tous les traitements qu'elle reçoit.

Le président de l'association syndicale autorisée du canal des Moulins, Jean-Claude Deffent, n'hésite pas à qualifier la situation de « catastrophique .. Il explique que la réduction de 50% de la quantité d'eau, c'est... pas d'eau du tout, en raison des prises d'eau des canaux des Moulins et du château d'Astros situés au barrage d'Entraigues, géré par EDF (qui ne turbine plus depuis plusieurs mois). Ce dernier est obligé de faire respecter une cote minimum, afin d'éviter la disparition de la faune aquatique du plan d'eau...

On n'a jamais vu de coupure d'eau dans ce canal, se désole un adhérent qui revendique un retour à la normale, tandis que le président Deffent s'insurge : Aujourd'hui, nous en sommes à 45 jours de fermeture et aucune solution n'a été trouvée par l'administration. C'est d'autant plus scandaleux qu'un grand canal voisin coule sans aucune restriction et qu'un voisin immédiat du barrage arrose sans problème. Nous comprenons qu'en période de sécheresse, il puisse y avoir des restrictions, mais nous serions satisfaits si elles concernaient tout le monde en amont.

« Une véritable bataille de l'eau »

Au-delà du cas du canal des Moulins, la question des 150 canaux du département, représentant des milliers d'arrosants et dont certains ont été réalisés voici plusieurs siècles, exacerbe les passions. On rigole en voyant les films de Pagnol, mais il y a véritablement une bataille de l'eau ., estime Bernard Jacquet, de Pierrefeu, président de la fédération des canaux du Var. Je me bats pour éviter les prises d'eau sauvages de certains canaux clandestins. Il faudrait que tout le monde joue le jeu, c'est une question de partage de l'eau, ces canaux sont une mine d'or! Sans compter que maintenant, tout le monde fait des forages, et du coup, on détruit notre nappe et on n'a plus d'eau à la rivière!


Que disent les spécialistes?

Voir le plan sécheresse du mois d'avril 2007. Notamment les zones (nous sommes en zone E), et les restrictions qui s'appliquent à tous (page 9). Et celles qui s'appliquent aux canaux (pages 10 et 11). Et pour l'eau agricole (page 12).

Depuis l'arrêté du 9 août 2007 tout le département du Var est en situation de crise. Voir les restrictions de cet arrêté (pages 5, 6 et 7).

Site où se trouvent tous les bulletins hydrologiques et voici celui de août 2007.

Ce que dit la direction départementale de l'agriculture et de la forêt (DDAF): (Var Matin 21/9/2007)
«Les exploitants doivent sécuriser leurs ressources »

Les arrosants sont majoritairement des particuliers tempère Denis Domallain, directeur départemental de l'agriculture et de la forêt. « Quant aux agriculteurs sur les canaux, ils doivent se poser la question de la sécurisation de leurs ressources. D'une façon générale, les horticulteurs sont souvent branchés sur le canal de Provence et autres.

Tout en admettant que c'est la première fois que le Var tout entier est en situation de crise et que les débits des rivières sont très bas, - et ça ne va pas s'arranger - il refuse de verser dans le catastrophisme.

L'agriculture varoise, et notamment la viticulture, n'aura pas trop souffert de la sécheresse. C'est une culture méditerranéenne qui résiste bien. L'horticulture, quant à elle, est généralement installée sur des ressources pérennes, et les professionnels conservent le droit d'arroser. Pour ce qui est de la partie céréalière (en particulier du côté de Rians et du nord-ouest du département), ils sont sur des systèmes d'irrigation.

Pour ce spécialiste, la pénurie concerne davantage un problème d'eau potable. On est sur des questions d'environnement, et l'enjeu, ce sont les populations.


Dossier eau du blog paysdefayence.


Mis en ligne le 22/09/2007 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr) sites web http://paysdefayence.blogspot.com et http://pierreratcliffe.blogspot.com