liens/links
  1. Billet de l'ACPE
  2. Projet de territoire: agriculteurs du pays de Fayence
  3. Safer manifeste pour la préservation des paysages

  4. Fernand Raynaud: sketch le 22 à Asnières
  5. Site décroissance
  6. non au pacte de Nicolas Hulot
  7. la crise: comment en sortir, les avis divergent surtout chez les économistes
  8. Modifier le système de production/consommation? Consommateurs nous le pouvons!
  9. Les enjeux de la crise d'après Michel Husson,
  10. Crise financière 2007-2008 la fin du néolibéralisme de ces 20 dernières années?
  11. La course aux profits des entreprises au coeur du débat social?
  12. Développement et économie en pays de Fayence

  13. Soirée débat espace culturel de Fayence 28/3/2009: la vie moderne

Préserver les terres agricoles



Note de lecture d'un billet de l'ACPE

Je pense qu'on ne peut pas parler de la préservation des terres agricoles - cad. empêcher qu'elles soient bétonnées - sans évoquer les dégâts qu'ont provoqué des décennies de productivisme et de consumérisme, pronés par les tenants d'une économie libérale, sans autre régulation que la main invisible et le libre marché. Pour ce qui nous concerne, il faut d'abord connaître le point de vue des agriculteurs locaux. Voir ici. Il faut ensuite savoir avec eux, où sont les terrains agricoles à préserver, pour les générations à venir.

Voir ici:

Il faut aussi comprendre pourquoi nous en sommes arrivés là et ce que la crise actuelle, qui est profonde, est susceptible de changer.

Les 30 glorieuses ont permis de reconstruire la France après 5 années d'une guerre dévastatrice, voire trente ans de stagnation de 1914 à 1945 avec la grande crise de 1929 entre temps. Nous venons d'avoir trois décennies d'une politique - droite et gauche confondus - conçue pour développer un système complexe de production/consommation en croissance exponentielle. Les grandes métropoles se sont développées, concentrant toutes les forces vives - ingénieurs, cadres et ouvriers qualifiés, éducation, entreprises performantes et innovantes, infrastructures collectives, santé, transports - au détriment des campagnes et zones rurales. En même temps, les grandes régions industrielles de la France - Lorraine avec ses charbonnages, ses mines de fer et sa sidérurgie, Nord Pas de Calais avec ses charbonnages et sa sidérurgie, le Creusot et le bassin de St Etienne avec ses charbonnages et sa sidérurgie, Aix et la région de Gardanne, les mines de bauxite et l'aluminium, ont perdu leur importance relative par rapport aux grandes métropoles, le développement des services s'accompagnant d'une baisse des emplois industriels.

Pendant ce temps, la périurbanisation des grandes métropoles a été encouragée sous deux formes: d'une part, les grandes banlieues de logements collectifs pour y loger les ouvriers et immigrés travaillant dans les industries des métropoles, avec développement d'infrastructures de transports. D'autre part, les zones résidentielles "pavillionaires" pour les classes moyennes et supérieures. Ces évolutions ont été encouragées par le développement du crédit hypothécaire facilement acquérable, et durant les années 1975-1990, par l'inflation et les augmentations de salaires, ce qui réduisait d'année en année la charge des mensualités de remboursement des prêts. Â cause de cela, les gens acquéraient des terrains et des logements plus grands qu'ils n'en avaient besoin, toujours plus loin des centres ville où ils travaillaient.

Outre les conditions de crédit faciles, ces évolutions ont été permises par l'automobile, par le pétrole abondant et pas cher distribué partout en France, par la construction d'autoroutes et l'entretien du réseau routier grâce aux impôts, et par la production massive d'électricité bon marché parce que d'origine nucléaire. Mentionnons aussi le téléphone car il ne faut pas oublier que jusqu'en 1970, le téléphone c'était le 22 à Asnières du sketch de Fernand Raynaud.

 tout cela s'ajoutent tous les produits de consommation que les producteurs nous offrent à grands coups de publicité, entrenant nos frustrations. Ce système est devenu tellement imbriqué qu'il paraît impossible aujourd'hui d'imaginer un changement, surtout pas un chagement par décroissance. Production et consommation sont imbriqués de manière complexe. On peut bien imaginer de consommer moins ou autrement, mais il y aura forcément un effet sur la production. On ne peut pas consommer moins et épargner plus à grande échelle; autrement dit, consommer moins ne peut pas se faire à revenus constants. Et ceci concerne tout le monde. Voir ici le site de décroissance et le non au pacte de Nicolas Hulot qui évoquent ces thèmes.

Dans le midi de la France, le climat et l'environnement sont des facteurs d'attractivité particuliers. La région attire ingénieurs et cadres des classes moyennes dans les grandes métropoles régionales, Nice (y compris Sophia Antipolis) et Marseille-Toulon, mais aussi des retraités et des riches étrangers. Les salariés travaillant dans la métropole de Nice se sont tournés vers les zones périphériques plus lointaines, où le processus d'évolution évoqué plus haut s'est produit. Il en est ainsi du pays de Fayence. Mais il s'agit d'un développement "artificiel" car non accompagné d'activités économiques durables et susceptibles d'employer la population locale. Les activités restent celles de service aux populations. L'arrivée continuelle de nouveaux arrivants constitue une source de revenus fiscaux pour les communes qui s'engagent alors dans un processus d'investissements de tous ordres, et qui s'accompagne d'un accroissement de leurs dépenses. Les communes entrent alors dans un cercle vicieux - le développement appelle le développement, et tout nouveau développement appelle un nouveau développement. Une occupation de l'espace de plus en plus dédiée à la grande propriété individuelle, diffuse, mitonnant le paysage; une densité faible de l'habitat; une dispersion des équipements publics - adduction distribution d'eau, assainissement, distribution d'énergie électrique, téléphone, et une voirie de plus en plus étendue difficile et coûteuse à entretenir.

Le processus qui a conduit à la "Vie moderne" sera l'objet d'un ciné débat le 28 mars 2009 au centre culturel de Fayence, avec la participation de Bernard Gérard responsable national du conservatoire du littoral chargé des acquisitions. Un débat qui promet d'être passionnant.

La crise profonde actuelle affectera peut-être ce processus. Ce qui est sûr c'est que les maires et le président du CG83, ont évoqué la baisse sensible de recettes des droits de mutation, cad. ce qui caractérise le mieux ce cercle vicieux: le développement repose sur l'immobilier. Mais cette crise du capitalisme est rien comparée à une autre crise qui se profile, celle des conséquences du changement climatique.


Mis en ligne le 04/03/2009 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr) Portail: http://pratclif.com