Rapport Serge Poignant (2009) sur l’énergie photovoltaïque en France
introduction

Les questions énergétiques constituent le grand enjeu de l’avenir. Elles embrassent l’ensemble des problématiques qui se posent à nous et se déclinent en autant de matières qu’il y a de champs politiques. Si l’on évoque l’indépendance nationale et l’autonomie de décision d’un Etat, on aborde forcément tôt ou tard ses sources d’approvisionnement en énergie et les négociations commerciales qu’elles induisent. Quand on mentionne la grande lutte engagée contre le changement climatique et pour la préservation des ressources, on ne peut négliger les consommations irraisonnées d’énergie ni le droit fondamental de tout être humain à y avoir accès. C’est une donnée forte des relations géostratégiques autant qu’un secteur économique générateur de richesses et d’emplois.

Le présent rapport a pour ambition, non de traiter l’ensemble des thématiques relatives au secteur de l’énergie, mais de les attacher à une source d’électricité particulière. L’énergie photovoltaïque désigne en effet l’électricité produite à partir du rayonnement solaire. Elle est relativement jeune. Découverte il y a moins d’un siècle dans son principe, maîtrisée à l’orée des années 1950 à peine, elle avait depuis été cantonnée à la conquête spatiale, seule à même de supporter ses coûts imposants. Sur Terre, d’autres méthodes de production électrique étaient toujours moins onéreuses : les hydrocarbures, l’atome, l’hydroélectrique, et même l’éolien.

L’énergie solaire – thermique cette fois – avait pourtant suscité un grand espoir à la fin des années 1970 et au début des années 1980, lorsque les chocs pétroliers avaient conduit les pays occidentaux à explorer de nouvelles voies pour se libérer de l’emprise du cartel de l’OPEP. Las, les premières exploitations n’avaient guère donné satisfaction. La retombée des prix de l’or noir avait brisé le fragile élan de recherche-développement et éloigné l’horizon de rentabilité des technologies. En France, les quelques tentatives d’utilisation du rayonnement solaire à des fins de production électrique étaient abandonnées avec le contre-choc pétrolier de 1986. La centrale Thémis, entre autres, fermait alors ses portes. On ne parlait plus du solaire que comme d’un mirage, sauf à équiper des zones très isolées, à des distances prohibitives des réseaux de distribution.

Deux décennies ont passé. L’énergie solaire en général, et l’énergie photovoltaïque en particulier, ne sont plus des illusions. La contrainte a changé de nature. Le monde n’est plus confronté à une menace économique sur ses sources d’approvisionnement, mais à un péril climatique et environnemental autrement plus impérieux. Depuis le sommet de Rio de 1992 et le protocole de Kyoto de 1998, chacun a pris conscience que la consommation irraisonnée des matières premières par l’humanité et les émissions carbonées qui en résultent engagent, à moyen et long terme, l’équilibre de la planète et l’avenir de l’humanité. Les experts du GIEC sont parvenus à convaincre jusqu’aux plus réticents que le temps d’un engagement fort en faveur de la préservation des ressources naturelles n’avait que trop tardé. Des conventions internationales ont formalisé cet objectif commun à l’ensemble des Etats, que tous ont décliné à l’intérieur des zones régionales et des frontières nationales. Alors que l’Europe s’est prononcée en faveur du Facteur Quatre et du Triple Vingt, alors que la France a pris l’initiative dans le cadre du Grenelle de l’environnement de s’assigner des objectifs plus élevés encore en termes d’électricité de source renouvelable (proportion portée de 20 % à 23 %) et d’efficacité énergétique, la tenue à la fin de l’année du sommet de Copenhague voué à définir les engagements de l’après Kyoto plaide avec d’autant plus de vigueur pour un effort concerté et soutenu en faveur d’un changement des habitudes énergétiques.

Réduire la consommation d’électricité et l’intensité énergétique est une solution pour préserver la planète. Elle n’est pas la seule. Le développement de moyens de production alternatifs en est une autre. S’il est question de réduire les émissions de gaz polluants et de protéger l’environnement de la dissémination des déchets, la France peut déjà se féliciter d’avoir privilégié l’option nucléaire. Elle doit maintenant investir dans les énergies renouvelables, comme elle s’en est assigné l’ambition.

D’aucuns pourraient y voir une forme de corvée, une épreuve à laquelle il serait nécessaire de sacrifier au nom de la responsabilité de la France dans les affaires du monde. Or ce n’est pas le cas. L’obligation de développer la production d’électricité est une chance pour la France dans une optique de développement durable, suivant les trois acceptions que recouvre cette expression : un développement écologique, économique et social. Les énergies vertes ne sont pas seulement des moyens de préserver l’environnement. Ce sont aussi des filières économiques, des ensembles industriels, des entreprises de recherche, des dizaines de milliers d’emplois potentiels. Il reste toutefois à déterminer les bonnes options stratégiques en fonction des réalités physiques et des performances technologiques. Le présent rapport a pour ambition d’éclairer la représentation nationale et, à travers elle, l’ensemble des citoyens, de l’opportunité que représente l’énergie photovoltaïque.

Il n’est pas rentable économiquement, aujourd’hui comme hier, de produire de l’électricité à partir du soleil dans le contexte d’un pays occidental à économie de marché. Ce postulat devrait toutefois évoluer devant la perspective toujours plus proche d’une taxation des émissions de carbone, face à l’engagement des nations d’en réduire leurs parts respectives. Les prix de l’électricité sont voués à augmenter. La volatilité des cours du pétrole n’est plus à démontrer. Le doute pèse sur la sûreté des approvisionnements gaziers. Au contraire, le soleil illumine gratuitement l’ensemble de la planète et il peut être converti en électricité pour un coût que la recherche ne cesse d’abaisser. Aucune pollution ne résulte de l’opération, rien même dans la phase de fabrication des cellules qui puisse être comparé aux émissions de polluants des centrales thermiques. Aussi, quoique fort chère encore, l’énergie solaire trouve son marché.

Economiquement, le photovoltaïque a déjà commencé à concrétiser ses promesses du fait du décollage des marchés consécutif à cette rentabilité accrue. C’est le cas de l’espace français, même si d’autres – l’Allemagne, le Japon, les Etats-Unis – ont avancé beaucoup plus vite. L’hexagone comprend en 2009 une puissance installée raccordée au réseau de 140 MW. Près de 400 MW attendent leur connexion. Ce parc devrait doubler durant l’année en cours. Très réalisable, l’objectif assigné de 1 100 MW en 2012 et 5 400 MW en 2020 apparaîtrait comme significatif parmi les énergies renouvelables et au sein du bouquet énergétique national. Il est aussi prometteur en termes d’emplois. Mille cinq cents emplois directs ont été créés l’année dernière par les entreprises spécialisées adhérentes au Syndicat des énergies renouvelables, lequel représente 70 % des opérateurs. Au-delà de nos frontières, où la puissance installée s’exprime en gigawatts, ce sont des dizaines de milliers de travailleurs qui sont employés, dans les usines et dans l’artisanat, pour faire vivre le secteur. Son développement ne fait aucun doute.

Rapport Poignant in extenso: Cliquer.

Dossier Photovoltaïque avec le projet Eneryo de Callian. Cliquer.


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Mis en ligne 21/02/2010 par Pierre Ratcliffe. Contact: Portail: http://pratclif.com  paysdeFayence: http://paysdefayence.blogspot.com   mon blog: http://pierreratcliffe.blogspot.com