liens/links
  1. carte: les têtes de listes dans les 22 régions de la métropole
  2. Nouvel Obs: le spectre de l'abstention
  3. CSA: sondage du 1 mars 2010
  4. Les vraies raisons de la chute de Sarkozy (JF Kahn)
  5. Actualité

Régionales 2010. abstention? vote sanction?

Les régionales mobilisent peu. Un électeur sur deux seulement irait voter (cf. sondage CSA du 1 mars en lien N°3 page 3). Autre indication de ce sondage, la gauche serait largement gagnante sur l'UMP (pages 3 et 4); vote sanction contre Sarkozy? UMP, défaite ou déroute pour employer le langage militaire cher à nos comportements politiques? Nous le saurons dès le soir du 16 mars.

Je m'interroge sur la signification de ces effets de pendule de l'opinion. Une élection européenne en demi-teinte en 2009. Des élections régionales 2004 en vote sanction contre Chirac. Et cette fois en 2010, un vote sanction contre Sarkozy qui avait fait 53% des suffrages à l'élection présidentielle de 2007?

C'est une banalité d'observer la division de la France en deux camps 50/50 et qu'il s'en faut de peu pour que l'opinion bascule d'un côté ou de l'autre. Les équipes au pouvoir reflètent l'opinion qui était majoritaire, celle des temps précédant l'élection; une opinion formée dans les conditions économiques et sociales de ces moments sur la base des connaissances et informations diffusées par les médias de tous bords. Élus lors d'élections démocratiques, les équipes au pouvoir appliquent alors une "idéologie" correspondant ce corpus idéologique. La politique suivie pour faire évoluer la société selon l'argumentaire qui les a portés au pouvoir, est affectée par le temps et par la pertinence de l'idéologie en fonction de l'évolution des conditions économiques et sociales sur le plan national et international. La durée du mandat de l'élection voire seulement une partie de ce temps, donne à la politique un aspect court-terme. Le changement de pertinence de l'idéologie donne à la politique cet aspect changeant.

Les circonstances n'ont pas été favorables à la mise en oeuvre du programme de Sarkozy depuis 2007. La pertinence de l'idéologie de l'élection présidentielle de 2007 et les grands slogans de la campagne sont l'objet d'incertitudes en 2010 lors de ces élections régionales. Le bouclier fiscal, le travailler plus pour gagner plus, les heures supplémentaires, le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux.... sont remis en question. Le phénomène déclencheur du changement d'opinion a été l'éclatement d'une bulle financière aux États-Unis qui s'était développé par le marché immobilier américain, le surendettement et la spéculation qui l'a accompagné. Cette crise financière a laminé le pouvoir d'achat américain, remplacé là-bas le plein emploi par un chômage proche des 10%. Compte tenu du poids de l'économie américaine (près de 25% du PIB mondial), et de l'interdépendance des économies, la crise s'est étendue à l'économie réelle, en France, en Europe et dans le monde. Le chômage est redevenu la préoccupation principale.

Les changements espérés auxquels Sarkozy s'était engagé et que l'opinion majoritaire attendait, tardent à se concrétiser de manière perceptible. La perception en 2010 c'est le chômage massif qui recommence, les fermetures d'usines et les délocalisations, la stagnation du pouvoir d'achat des ménages, les inégalités criantes voire scandaleuses de revenus. Tout cela, avéré ou nuancé, selon les statistiques de l'INSEE (voir) constitue autant d'éléments qui jouent pour éroder le large soutien populaire de 2007 en faveur de Sarkozy.

Après la crise de septembre 2008, l'idéologie de l'équipe portée au pouvoir par l'élection de 2007 se révèle inadéquate en 2010. Les nouvelles conditions aurait dû conduire à expliquer que des conditions nouvelles nécessitaient de remettre en cause certains éléments de l'idéologie à la base de son élection. Mais le gouvernement continue d'appliquer l'idéologie de l'élection de 2007, avec constance et détermination, invoquant le mandat qu'il a reçu des électeurs. Difficile d'agir autrement en politique, court terme et changement d'idéologie. Il faut du courage politique pour reconnaître l'erreur, dépasser le court-termisme, écouter ceux qui s'emploient à comprendre la situation présente et passée et qui tentent de prévoir ce qui va se passer dans le futur immédiat et plus éloigné.

Il y a donc un décalage constant entre l'idéologie des politiques au pouvoir, et l'idéologie du moment présent. Selon moi, c'est ce décalage qui explique les mouvements de pendule de l'opinion. L'intervalle de ce temps du décalage est de plus en plus court, à cause des progrès techniques, notamment dans le domaines de la diffusion des connaissances par l'ordinateur et l'internet et les communications, car elles rendent la diffusion planétaire des connaissances instantanée.

L'idéologie qui caractérise l'état de l'opinion à un moment donné, évolue avec les circonstances de la réalité. C'est sur le long terme qu'il faut s'accrocher; c'est ce qui peut se passer dans 10, 20 ou 50 ans. Les intellectuels dans tous les domaines des connaissances s'emploient à comprendre ces évolutions; partant de la compréhension de la situation existante et de ses causes, ils cherchent à dire ce que pourrait être l'avenir, pour donner aux décideurs les éléments nécessaires pour agir ou pour corriger. Prévoir l'avenir est impossible; il s'agit plutôt d'anticiper ce qui pourrait se passer à partir de la situation existante et des évolutions antérieures. Comme on peut le constater chez tous les "think-tanks" ou réservoirs de pensée, les prévisions maximum sont à 50 ans.

L'actualité de ce 1er mars 2010, avec la tempête dévastatrice survenue en Vendée et en Charente Maritime qui a provoqué la mort de 52 personnes, vient à point comme exemple concret. Cette tempête d'une rare violence a conjugué les effets de vents violents, un phénomène atmosphérique, avec des marées d'équinoxe de coefficients maximum dans l'année - supérieurs à 115, un phénomène planétaire, dans une région maritime environnementale vulnérable; il s'y est développé depuis 30 ans avec la volonté des élus et la complaisance de l'État, une fuite en avant - croissance, développement économique basé sur le tourisme et la résidence secondaire, habitat diffus, conversion d'espaces naturels en espaces artificiels etc. bref des déséquilibres analogues aux notres en pays de Fayence. Je pense en particulier à ce projet en l'air "le Sophia Antipolis aux champs" de Camille Bouge et André Bagur sur le plateau de Château Grime, un espace naturel précieux caractérisé par une très grande biodiversité et des espèces végétales et animales endémiques. Je reviendrai sur la biodiversité et son importance capitale pour la vie de tout le vivant et de notre espèce.

Un autre exemple est l'évolution de l'agriculture, la place et le rôle des agriculteurs dans notre pays, pour assurer la nourriture, une nourriture saine et sûre pour notre alimentation et notre santé, entretenir le paysage. Le Ministre Bruno Lemaire montre l'exemple d'un politique qui écoute les experts des think-tanks... Si les politiques ont la légitimité de l'élection, les experts ont la légitimité de la compétence. Voir cette émission de France Culture ce matin avec Marion Guillou PDG de l'INRA.


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Mis en ligne le 01/03/2010 par Pierre Ratcliffe. Contact: Portail: http://pratclif.com  paysdeFayence: http://paysdefayence.blogspot.com   mon blog: http://pierreratcliffe.blogspot.com