Démocratie représentative

En démocratie représentative ou libérale, on considère que chaque citoyen, ou groupement de citoyens réunis en associations, est capable de se former une opinion juste sur les problèmes, dès lors qu'il échappe à ses intérêts particuliers partisans, ses préjugés ou ses présomptions, et que cette opinion est conforme au "bon sens". On considère alors qu'une opinion est conforme au "bon sens" si elle est est fondée sur des raisons assez convaincantes pour être partagées par le plus grand nombre de gens et que les raisons sur lesquelles se fondent les opinions divergentes sont moins convaincantes et partagées par moins de gens. Mais pour formuler une opinion de "bon sens" le citoyen doit rassembler, analyser et synthétiser des éléments factuels objectifs sur le sujet concerné; et ce faisant, il développe une qualité de spécialiste ou d'expert de ce sujet. Le relativisme d'aujourd'hui laisse croire que tout un chacun peut formuler un jugement sur tout, uniquement par la force de sa pensée individuelle.

L'effet conjugué des opinions de "bon sens" d'une majorité des gens est définie comme le "sens commun". Le "sens commun" sur tous les sujets de société, à un moment donné de l'histoire, constitue la "pensée dominante". C'est ce que les instituts de sondages d'aujourd'hui cherchent à appréhender pour aider les politiques à prendre les bonnes décisions pour aujourd'hui et pour demain, et en tenant compte du "sens commun" relatif aux grands sujets: euthanasie, homosexualité et homoparentalité, situation économique, chômage, SdF, par exemple. Le site expression publique est particulièrement intéressant sur cette tendance. Ce site se contente de transmettre les résultats de ses enquêtes aux politiques, sans exercer la moindre pression.

Les fondements de notre démocratie représentative et libérale ont été formulés par les grands penseurs du siècle des lumières et suivants, notamment, Adam Smith dans "The Theory of the Moral Sentiments", Jean Jacques Rousseau dans le "Contrat social", Locke et Montesquieu avec "la séparation des pouvoirs", Alexis de Tocqueville et les sociologues Emile Durkeim et Max Weber pour ne citer que les plus grands. Ces principes ont inspiré les démocraties représentatives libérales que nos pays occidentaux, issus mais affranchis de la chrétienté, connaissent aujourd'hui. Affranchis de la chrétienté, car le siècle des lumières était une époque d'éclairement comme opposée à l'obscurité, où les hommes ont commencé à comprendre, par la science et la philosophie, en s'affranchissant de l'église et du dogmatisme, comment fonctionnait le monde dans lequel ils vivaient et comment l'organiser. En France, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 et la constitution des États-Unis de 1786 consacre la séparation des églises et de l'État dans la laïcité, même si les États-Unis aujourd'hui donnent l'impression de religiosité aux fondements de sa constitution. La constitution française de 1958 article 1: "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée."

Démocratie libérale; oui car l'organisation des pouvoirs donne à chacun de nous la liberté d'élire nos représentants, la liberté de s'exprimer, le droit à la propriété, et tous les autres acquis démocratiques. Le libéralisme est trop souvent réduit à l'aspect économique qui n'en est qu'une partie. Quand Jacques Chirac le Chef de l'État vilipende le libéralisme, ne fustige-t-il lui-même notre démocratie? La séparation des pouvoirs est un des fondements de notre démocratie. C'est le système des "checks and balances". C'est la conversion illégitime des formes du pouvoir entre elles qu'il faut vilipender. L'aspect négatif du libéralisme économique honni à juste titre, résulte de la conversion illégitime du pouvoir économique en pouvoir politique. D'autres désordres résultent ailleurs, de la conversion illégitime pouvoir politique en pouvoir économique. Mais il faut aussi combattre la conversion du pouvoir bureaucratique en pouvoir politique. Et la conversion illégitime du pouvoir judiciaire en pouvoir politique ou, à l’inverse, du pouvoir politique en pouvoir judiciaire. Il faut aussi stigmatiser la conversion illégitime du pouvoir social en pouvoir politique. Et encore combattre la conversion du pouvoir médiatique en pouvoir politique. Et n'oublions pas la séparation de l'église et de l'État.

Voir cet entretien du Figaro Magazine avec le philosophe Raymond Boudon.


Mis en ligne le 18 mars 2007 par Pierre Ratcliffe Contact: (pratclif@free.fr)    site web: http://pratclif.free.fr