PLU de Montauroux et SCoT; la dynamique économique.
Je reviens sur le PLU de Montauroux et le SCoT du pays de Fayence. Dans un billet précédent j'ai écrit que les élus étaient obnubilés par le sujet du "développement économique" et que le projet Château Grime était un projet "d'accumulation du capital". Je vais élaborer sur ces deux thématiques.
Développement économique
Quand on dit "Développement économique" cela signifie "croissance". Croissance de la population en demande de produits et de services; ou croissance de la demande de produits et de services par la population existante; ou croissance de la demande de populations situées ailleurs que dans le pays de Fayence. La structure des entreprises du pays de Fayence est d'abord orientée vers la satisfaction de la demande locale en produits de nécessité - nourriture, vêtements, électroménager - et en services de proximité. Le secteur artisanal sert la population locale pour les besoins de travaux: artisans du bâtiment, de l'entretien de la maison et du jardin, la réparation automobile. S'ajoutent les entreprises de travaux publics et de terrassements ainsi que les établissements hôteliers, de loisirs, des campings, et de la restauration. Les services de santé - médecins, pharmaciens, laboratoires, et ceux de l'état - enseignement, administration fiscale, services communaux et départementaux viennent compléter l'ensemble de l'offre et l'effectif des actifs locaux. Pour le secteur marchand le long de la RD562, voir "entreprises et emplois le long de la RD562" 3 et 4 (étude de la DDTM et de la CCI du Var).
Il ne peut pas y avoir de développement économique sans croissance de l'un ou l'autre - ou une conjonction - de ces éléments. Nos élus associent "développement économique" avec emploi, c'est à dire activité: ce qui implique donc une autre croissance, celle de l'emploi. Tout cela relève du même discours à tous les niveaux - communal, intercommunal, départemental, régional et national - et de l'air du temps, toujours centré sur l'économie et l'état-Nation France, un mythe construit au cours de l'histoire en conjuguant éducation, histoire longue et fêtes nationales.
L'actualité en ce mois d'août 2015 est riche d'évènements qui nourrissent la réflexion: le chômage continue sa hausse ou ne prend pas le chemin de la baisse; la croissance selon l'Insee a été nulle au 2è trimestre 2015; la crise grecque, l'euro et le scepticisme croissant envers l'Europe, attisent les souverainistes à gauche comme à droite de l'échiquier politique; la crise des éleveurs de porcs en France - mangez plus de cochon et plus cher pour les sortir de la crise qui les frappe (*); la double dévaluation du Renminbi chinois - le made in China coûtera moins cher; le ralentissement de la croissance des pays émergents dont la Chine, le Brésil, la Russie; la baisse du pétrole continue et se poursuivra encore, et tout dernièrement une énorme explosion en Chine à Tianjin. Tout cela semble déconnecté, mais c'est en réalité un ensemble de symptômes du "système monde" d'aujourd'hui dans lequel nous sommes immergés.
(*) La Russie principal débouché export de la filière a cessé ses importations cause Ukraine.
Notre pays de Fayence est immergé dans un système départemental, régional et national; et la France État-Nation est immergée dans le système monde "inter-États". Le pays de Fayence n'est plus un espace quasi autarcique, avec 8000 habitants ruraux vivant de lentilles et de courges cultivées sur les restanques et exportant quelques fleurs vers les parfumeries de Grasse. Le pays de Fayence est devenu un territoire de 26000 habitants, encore en croissance, avec une dynamique propre au sein du système départemental, régional et national. La croissance économique - ou non - résultera d'une croissance supplémentaire de sa population, ce qui appellera une diversification de ses activités, un accroissement de la taille de ses entreprises et leur orientation vers la satisfaction d'une demande locale accrue et externe - l'équivalent au plan local, de la consommation, des investissements et des exportations. Si le développement économique suit la croissance de la population, celle-ci ne peut plus provenir d'un étalement urbain toujours plus loin des centres. Cela implique donc une densification de l'habitat près des centres et des équipements publics. Et une diversification de l'habitat, comme le souhaite l'État. Cela veut dire que le pays de Fayence ne peut plus croître en population venue de l'extérieur, ayant acquis ses revenus à l'extérieur et les dépensant sur place.
Pour atteindre cela, il faut renforcer les réseaux, améliorer la mobilité et la voirie de desserte du territoire - la RD101 fait partie de cela. Aménager l'accès et l'environnement des zones d'activités; bref mettre désormais la priorité sur les infrastructures et les services publics. Cela implique donc une "pause" dans la croissance de la population par l'octroi de nouveaux permis de construire en masse, sauf "remplissage de trous" dans l'habitat diffus existant, en accompagnant par une amélioration et renforcement des réseaux. Un fois les infrastructures et les services publics remis à niveau, on pourra envisager à nouveau une croissance de la population.
Château Grime un projet "d'accumulation du capital"
Quand j'écris que Château Grime est un projet "d'accumulation du capital", je ne prends pas une position politique mais économique. Notre système économique repose sur l'accumulation du capital indéfiniment. Ce système d'organisation dit "capitalisme libéral" s'est répandu à travers toute la planète depuis deux cents ans, 1815-2015. Qu'il soit éternel n'est pas certain car tout système d'organisation à une fin comme le montre l'histoire récente et lointaine. Comment fonctionne le système? Une entreprise est une création de gens qui ont épargné une partie plus ou moins grande de leurs revenus - ne l'ont pas dépensé en consommation courante - pour réaliser un projet industriel ou commercial. Leur projet est de produire des biens ou des services demandés par les consommateurs et de les vendre à un certain prix.
Les investisseurs font un calcul économique pour apprécier s'ils peuvent produire à ce prix (prix du marché), rémunérer leur épargne investie, et ne pas risquer de perdre cette épargne, cad. le capital. Leur récompense est sous la forme d'un accroissement de leur épargne. Pour le quidam, cela se fait par le taux d'intérêt - au passage les taux sont quasi nuls en 2015, une anomalie due à la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne pour sauver les banques et les inciter à faire des crédits aux investisseurs qui ont des projets d'investissements. Pour l'investisseur épargnant la récompense est sous la forme de bénéfice net, ce qui reste du prix de vente de la production après avoir déduit tous les coûts, y compris les cotisations sociales et les impôts et taxes de l'État. Le capitaliste est ainsi "contraint" de devoir accroître son capital du fait du renoncement à consommer "aujourd'hui" pour ne consommer que "demain", que demain est "incertain", que la concurrence est vive, que les technologies évoluent et qu'il faut constamment s'adapter.
Le bénéfice est un surplus par rapport aux coûts; mais il n'apparaît que parce que le moyen d'échange est la monnaie; c'est par la monnaie que ce surplus peut être utilisé pour investir et créer d'autres moyens de production. Quand une entreprise ne parvient pas à accumuler du capital en raison d'une variation des prix, des coûts ou des quantités produites et demandées, elle doit s'adapter ou disparaître. La gestion de la monnaie qui est comme le sang de l'économie, est le fait de la banque centrale.
Quand on dit "Développement économique" cela signifie "croissance". Croissance de la population en demande de produits et de services; ou croissance de la demande de produits et de services par la population existante; ou croissance de la demande de populations situées ailleurs que dans le pays de Fayence. La structure des entreprises du pays de Fayence est d'abord orientée vers la satisfaction de la demande locale en produits de nécessité - nourriture, vêtements, électroménager - et en services de proximité. Le secteur artisanal sert la population locale pour les besoins de travaux: artisans du bâtiment, de l'entretien de la maison et du jardin, la réparation automobile. S'ajoutent les entreprises de travaux publics et de terrassements ainsi que les établissements hôteliers, de loisirs, des campings, et de la restauration. Les services de santé - médecins, pharmaciens, laboratoires, et ceux de l'état - enseignement, administration fiscale, services communaux et départementaux viennent compléter l'ensemble de l'offre et l'effectif des actifs locaux. Pour le secteur marchand le long de la RD562, voir "entreprises et emplois le long de la RD562" 3 et 4 (étude de la DDTM et de la CCI du Var).