pays de Fayence: manquerons-nous d'eau?

résurgence d'un karst source d'une rivièreLes sources de la Siagnole, résurgence vauclusienne d'un important réseau karstique, alimente sept des 8 communes du pays de Fayence, plus les Adrets de l'Esterel, Fréjus (en partie car le forage de la Barrière complète ce que le canton de Fayence lui envoie), Bagnols en Forêt et le camp militaire de Fréjus. La ressource en eau de la résurgence de la Siagnole n'est pas illimitée, ni en volume ni dans le temps. La ressource dépend de la surface du bassin versant, de la pluviométrie annuelle, de la quantité d'eau qui s'échappe du bassin par ruissellements superficiels, et de la distribution des fissures et anfractuasités dans les roches calcaires sus-jacentes. L'eau s'infiltre goutte à goutte dans le calcaire, donc très lentement; pendant le processus, elle se charge de carbonates qu'elle dissout, agrandissant peu à peu les fissures et augmentant la perméabilité du passage de l'eau; les eaux se concentrent peu à peu au cours de leur descente et quand elles rencontrent une faille ou une discontinuité dans la roche elles y trouvent un passage plus facile; et le processus continue jusqu'à ce que les eaux concentrées en un débit important ressortent au jour. C'est la résurgence. Entre temps, quand les eaux sont saturées en carbonates (CaCO3) ceux-ci sont déposés sous la forme de stalacmites ou de stalactites. Les processus de circulation des eaux souterraines se déroule à une échelle de temps géologique, c'est à dire de milliers d'années. Voir réseaux karstiques.

Les sources de la Siagnole sont connues depuis les romains qui les avaient captées pour alimenter Fréjus au début du premier millénaire. Ils avaient aménagé le captage de la résurgence principale et construit un aqueduc jusqu'à Fréjus, un exploit remarquable pour les "ingénieurs" de l'époque. Voir ici historique de l'aquedeuc par Vito Valenti.

L'aqueduc fonctionnera pendant 3 siècles. En fin de service, fortement concrétionné et colmaté par manque d'entretien, son débit tombera à 150 litres/seconde avant sa destruction et son abandon définitif au IVème siècle du premier millénaire. Au début du XIXème siècle dans le moyen Var, le monde agricole s'intéresse à nouveau au captage des eaux de la Siagnole. En décembre 1836, par courrier adressé au préfet du Var, le Marquis Henri de Villeneuve soumet un projet de réparation de l'aqueduc romain pour fournir de l'eau d'arrosage à ses terres de Tourrettes et associer dans cette opération les communes de Callian et de Montauroux. Aussitôt le Préfet charge l'agent voyer Louis Just de relever l'état des lieux de l'aqueduc romain entre la source de la Siagnole et Callian. Cette étude achevée en février 1838, confirme la faisabilité de la mise en eau des ouvrages après réparation. 36 ans de négociations seront nécessaires entre les intéressés, les opposants du village de Mons, l'administration d'État et les communes, pour faire aboutir le projet. C'est en 1874 que l'aqueduc romain sera enfin réparé sur 8.4 km entre Mons et Callian et remis en eau. Le débit dérivé était fixé à 300 litres/seconde destiné prioritairement, par concession, à l'irrigation de 400ha sur les territoires de Tourrettes, Callian et Montauroux. Voir ici une relation de la remise en eau par Elie Stalencq. Ce n'est que vingt ans après la première remise en eau, donc en 1894, que l'eau de la Siagnole sera de retour à Fréjus.

Le volume annuel dévié de la Siagnole est de l'ordre de 10millions de m3; comme indiqué plus haut, c'est une caractéristique du réseau karstique qui l'alimente; et en raison des nombreux paramètres qui l'affectent, il est difficile d'en établir un modèle; un tel modèle n'existe pas pour ce réseau. Le bassin versant est estimé avoir une superficie de 95km2, la pluviomètrie est disponible sur ces statistiques, et les débits de la Siagnole sont estimés. Voir ces données ci-dessous:


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Mis à jour le 07/07/2022 pratclif.com