Inondations dans le Var 16 juin 2010
quel impact en pays de Fayence?

La mairie de Callian a dit: Vous indiquez que des permis ont été octroyés par la commune de Callian dans des zones inondables malgré la présence d'un plan de prévention des risques prescrit et établi par la commune. Nous précisons que ce n'est pas malgré ce plan, mais en conformité avec les dispositions de celui-ci, que les permis en question ont été délivrés; c'est-à-dire avec des prescriptions précises en matière de surélévation, de bassins écréteurs, etc...

Cette précision donnée par la mairie de Callian s'inscrit bien dans la réflexion qui s'impose, après les inondations catastrophiques mortelles (25 morts) en Dracénie, et les dégâts considérables aux biens privés et publiques dont toutes les images et vidéos ont montré l'ampleur. La visite du président de la république, le décret de catastrophe naturelle concernant 9 communes de l'arrondissement de Draguignan, les déclarations et les engagements du chef de l'État "aucune exception sur les futures constructions", "le meilleur moyen d'aider les élus locaux " parfois soumis à des pressions foncières....

Nous devons réfléchir ici aussi en pays de Fayence, à cause de la présence de rus susceptibles en cas de pluviosité exceptionnelle et prolongée (lien), de devenir de véritables torrents dévastateurs. Un tel évènement s'est déjà produit plusieurs fois; le plus récent à Fayence en 2001; il a donné lieu à une étude hydrologique réalisée par le cabinet spécialisé Sogreah (lien pdf 14.8Mo). À Callian, seule commune du canton à avoir élaboré un plan de prévention des risques inondation préscrit par l'État, (lien) la commune impose des conditions dans ses procédures d'attribution de permis de construire.

Le maire a précisé que dans les zones reconnues inondables, si elle accorde un PC, la commune impose au demandeur des mesures de précaution - "surélévation du bâtiment, bassin de retenue, etc." La surélévation est effectivement une mesure de précaution efficace; cette surélévation est déterminée en fonction du niveau des eaux lors des inondations les plus importantes connues. Les bassins de retenue sont une mesure destinée à retenir les eaux pluviales et ne pas engorger les réseaux d'évacuation et ajouter à la rapidité de montée des eaux. Les bassins de retenue sur les terrains individuels et collectifs par lotissements sont imposés depuis longtemps aux lotisseurs. Ceux-ci doivent créer des bassins de collecte des eaux pluviales de la voirie du lotissement et imposer (via un cahier des charges) des bassins individuels dans chaque propriété. Encore faut-il s'assurer via les plans de recollement que ces bassins ont effectivement été réalisés, et ensuite qu'ils sont efficaces et entretenus.

Mais la réflexion doit aller plus loin que cela. Dans la catastrophe qui vient de se dérouler sur Draguignan et le bassin versant de la Nartuby (lien), il faut se demander si les morts et les dégâts occasionnés par cette catastophe auraient pû être moindres ou évités. C'est un travail d'experts en hydrologie déjà largement publié par le Syndicat intercommunal d´amenagement de la NARTUBY (S.I.A.N.). Voir "la catastrophe était déjà décrite"! Cet article comme la présentation de SIAN met bien en cause, entre autres, les obstructions diverses et variées qui perturbent l'écoulement des eaux et les font sortir de leur lit: rochers, arbres, déchets sauvages de BTP, matelas, carcasses, frigos etc. L'artificialisation des sols se traduit par une bien moindre absortion par le sol et les plantes, ce qui est montré par le schéma ci-contre.

Les connaissances permettant de comprendre ce qui s'est passé sur le bassin versant de la Nartuby sont données par ce site; il s'agit du concept de l'hydrographe qui mesure les variations du débit d'une rivière en fonction de la survenue de précipitations, et des différents facteurs d'influence (topographie, surface et forme du bassin, pente des terrains, etc.). (lien). Le travail des hydrologues est donc de concrétiser ce modèle au cas de l'évènement des inondations de juin 2010. Loacliser toutes les photos, connaître les quantités d'eau tombées en mm/jour juste avant les évènements.... bref reconstituer un hydrographe pour les points névralgiques où les dégâts se sont produits.

Il est clair que chez nous en pays de Fayence, la dangerosité est moindre; les bassins versants de la Camandre, du Chautard, de la Camiole et du vallon Mailla sont plus petits; le nombre d'habitations et zones d'activités concernées - donc l'artificialisation - sont moindres aussi, de même que le bassin exutoire que constitue le lit du Riou Blanc. Mais les dangers sont réels comme en témoignent le PPR de Callian, l'étude de Sogreah à Fayence et des évènements passés. Car de telles intempéries surviennent dans un espace temps de plusieurs décennies voire du siècle, tandis que notre développement actuel date de seulement 3 décennies, et on continue d'artificialiser, de bétonner, de goudronner, de débroussailler et de déforester!


Pierre Ratcliffe
Mis en ligne le 23/06/2010