Projet de Centre de valorisation énergétique CVE du SIVADES à Grasse

Le projet de Centre de valorisation énergétique CVE, "incinérateur de Grasse" suscite comme toujours, une vive opposition écologiste.

SIVADES et le gisement des déchets de 12 communes: Cannes, pays de Grasse (5) et de Terres de Siagne (6)

Le SIVADES, équivalent du SMIDDEV pour l'Est Var, ce sont 12 communes 166 000 habitants, une superficie de 210km2 (21 000 hectares) 42.4% d'habitat vertical donc une urbanisation très concentrée. Ces communes sont réparties en 3 ensembles distincts: Cannes, la Communauté d'agglomération Pôle Azur Provence (CAPAP) ou pays de Grasse avec 5 communes (lien). et la communauté de communes "Terres de Siagne" 6 communes. C'est cette dernière qui ressemble le plus à notre CdC du pays de Fayence.

Le SIVADES publie chaque année un rapport complet de la gestion des déchets que les 12 communes réunies en syndicat lui ont confiée. Le rapport de 2009 contient toutes les informations utiles pour comprendre les déchets en nature et en quantité (lien).

  • L'ensemble des déchets produits par les habitants des 12 communes se compose de 3 parties; des ordures ménagères résiduelles OMr (lien), les déchets de tri sélectif amenés aux points de dépôts volontaires (lien) et les déchets apportés aux 8 déchetteries y compris les encombrants (lien)..
  • Les tonnages produits en 2009 sont de 88 424 t pour les OM, 12 915 t pour les déchets de tri sélectif, et 47 183 t pour les déchets des déchetteries - dont 7 811 t d'encombrants et 538 t d'encombrants valorisés, soit 148 521 t au total (lien).

Ordures ménagères résiduelles: 88424 tonnes en 2009

Le SIVADES assure le "traitement" de l'ensemble des ordures ménagères pour les 12 communes à partir des quais de transfert qui sont au nombre de deux (Cannes et Grasse). Les communes de Cannes et de la CAPAP (sauf Mouans Sartoux) assurent la collecte des ordures ménagères et leur transport jusqu'aux quais de transfert, par leurs propres moyens (régie municipale ou délégation de service à une société privée type Véolia ou Pizzorno). SIVADES assure alors la suite du service de gestion des ordures ménagères à partir des quais de transfert. SIVADES assure la collecte et le transport aux quais de transfert pour les 6 communes de "Terres de Siagne". "TRAITEMENT" correspond à ce qui se passe à partir des quais de transfert. Chez nous en pays de Fayence le quai de transfert est situé à la déchetterie cantonale, sur la commune de Tourrettes sur la RD56 après le carrefour de Tireboeuf.

NB: le quai de transfert de Cannes est situé à Cannes la Bocca en bordure de l'A8; sur ce site est implanté aussi le centre de tri des apports volontaires des communes et la déchetterie de Cannes (lien).

La décomposition des 88 424 t d'OM en 2009 par origines et destinations est ici (lien) (CET signifie centre d'enfouissement technique dont la nouvelle dénomination est CSDU centre de stockage des déchets ultimes; UIOM signifie unité d'incinération des ordures ménagères, désigne l'incinérateur d'Antibes et concerne les OM de Mouans Sartoux; on dit aujourd'hui unité de valorisation énergétique UVE).

Déchets des points de tri volontaire (tri sélectif avec recyclage)

Ces déchets ont été de 12 915 t en 2009 (lien). Ces déchets sont amenés dans un centre de tri situé le long de l'A8 à l'entrée de Cannes la Bocca. Ce centre trie les déchets, les conditionne et les expédie vers les entreprises filières de recyclage.

Déchetteries

Les 8 déchetteries ont reçu 38 834 t de déchets en 2009. Ces déchets sont en partie recyclées et/ou envoyées en centres spécialisés selon la nature des déchets. Les tonnages des 8 déchetteries sont indiquées ici (lien). Les tonnages de ces déchets par nature sont indiqués ici (lien). Cela correpspnd au tableau des déchets autorisés en déchetteries (lien).

Traitement des ordures ménagères résiduelles

Jusqu'en mi 2009, le traitement des ordures ménagères consistait en un enfouissement à la méga décharge de la Glacière sur la commune de Villeneuve-Loubet - centre d'enfouissement technique CET. Cette décharge arrivée à saturation a été fermée en juillet 2009 sans qu'une solution alternative de traitement n'existe. SIVADES expédie désormais les OMr à la méga décharge de Septemes les Vallons - CET - située à 140km dans les Bouches du Rhône ce qui provoque l'ire des populations locales. (lien)..

Le projet SIVADES de traitement des déchets

Sous la pression des autorités - État, préfecture, conseil général, ADEME, - SIVADES doit chercher une nouvelle solution de traitement. Un projet est en cours d'élaboration pour répondre à toutes les contraintes, lesquelles sont stipulées dans le plan départemental de traitement des déchets (lien). Il s'agit de parvenir à une quantité minimum de déchets ultimes devant être enfouies en Centre d'enfouissement technique CET, dont la nouvelle dénomination est CSDU centre de stockage des déchets ultimes. Ces objectis sont résumés ici par SIVADES (lien).

La voie suivie pour le traitement des ordures ménagères, est de séparer puis de traiter la partie organique valorisable et la partie inerte - plastiques, déchets de verre, de métal etc. Ensuite de traiter ces deux parties par des techniques les plus appropriées. La partie organique est traitée dans une unité de valorisation organique CVO; la partie inerte dans une unité de valorisation énergétique CVE. Plusieurs technologies existent pour cela. Elles sont expliquées dans ces deux documents du professeur Gérard Antonini (voir liens en documentation).

Une difficulté importante pour les communes de SIVADES a été l'acquisition du foncier nécessaire à l'implantation de ces unités. Il n'a pas été possible de les placer sur un site unique ce qui aurait été préférable. C'est pourquoi deux sites ont été acquis, l'un pour le CVO à Cannes (lien), l'autre pour le CVE à Grasse (lien). L'acquisition de ces sites et le projet de SIVADES d'un CVO et d'un CVE comme présenté dans la présentation aux associations - a été validé par la majorité des élus délégués des 12 communes au SIVADES - 24 voix pour, 5 oppositions, 4 abstentions le 21 décembre 2010 (lien). Mais ceci ne préjuge par du choix des technologies qui seront employées et qui résulteront des offres des entreprises consultées dans le cadre des appels d'offres. Cinq élus s'opposent à un CVE par incinération sur la commune de Grasse (lien) dont le maire de Mouans Sartoux, alors que cette commune envoie les OM depuis 20 ans à l'incinérateur d'Antibes.

Pour la partie organique dite fermentiscible deux techniques sont utilisées - la méthanisation et le compostage, le produit final étant toujours un compost à la norme environnementale en vigueur NFU 44051. Une fois la séparation des OM réalisée, la partie fermentiscible peut être méthanisée avec utilisation du méthane produit pour faire tourner un moteur thermique avec production de travail ou d'énergie électrique, le résidu étant composté; ou on peut procéder au compostage directement sans passer par la méthanisation ce qui réduit le coût d'investissement. Voir ce schéma de process appliqué à Marseille Fos sur Mer. Cela dépend des quantités en jeu. C'est que qui est envisagé par SIVADES au site prévu sur la commune de (lien).

La séparation des parties organique et inerte des OMr se fait par un procédé de tri mécanique. On fait passer les OM dans différents trommels et un bioréacteur de prédécomposition; le produit organique obtenu en fin de tri est envoyé soit vers une unité de méthanisation suivie d'une unité de compostage du résidu solide; soit directement vers une unité de compostage comme indiqué ici (schéma). Ce schéma montre la production de la partie inerte dont une partie est valorisable dans une unité de valorisation énergétique (incinération ou pyrolyse), et une partie non valorisable est envoyée en centre d'enfouissement technique.

L'expérience des autres collectivités, montre que la partie organique fermentiscible des OM est de l'ordre de 50%. Cela résulte des modes de consommation, de la nature des emballages et des plastiques - une composition qui pourrait néanmoins changer si les producteurs et les consommateurs modifiaient leurs comportements. Compte tenu des quantités d'OM en jeu de l'ordre de 100 000 t/an pour SIVADES, la partie fermentiscible pour composts dans le CVO serait de 50 000 t/an et la partie destinée au CVE serait de 50 000 t/an; à 8500h/an, cela représente donc un débit pour un CVE de l'ordre de 6t/heure. On pourrait ajouter les boues de stations d'épuration séchées dont la dévolution pose des problèmes sanitaires et atteindre une capacité de CVE plus élevée.

Quelles alternatives à une CVE?

Dans la situation actuelle de proportions de 50/50 des parties organique/inerte des OM, vu l'obligation de réduire au minimum l'enfouissement en CSDU centre de stockage des déchets ultimes, le traitement de la partie inerte par voie thermique des OM paraît incontournable. L'incinération se heurte à l'opposition des populations; des technologies alternatives existent qui sont susceptibles d'être mieux acceptées (voir les documents du professeur Gérard Antonini). La réduction de la partie inerte par action sur les producteurs d'emballages et le comportement des consommateurs est pronée par les écologistes, notamment Dany Dietman (lien). SIVADES s'y emploie aussi comme le montre cet extrait de leur présentation aux associations. Le CG06 Jean Raymond Vinciguerra exprime aussi cet avis: que la réduction des OM chez les résidents pavillonaires, la sélection, une meilleure gestion des déchets des professionnels, et le seul CVO implanté à Cannes, permettraient de se passer d'un CVE à Grasse; On se contenterait alors d'un nouveau CSDU quelque part qui recevrait tous les déchets inertes en quantité réduite. Voir l'avis de Jean Raymond Vinciguerra.

Il faut savoir qu'en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Suède au Danemark et aux pays Bas, la mise en CSDU est la plus faible (moins de 7%) et que dans ces pays la part de l'incinération est plus élevée qu'en France (cf. ce graphique sources statistiques EUROSTAT). Et nous savons que l'opposition à l'implantation de nouvelles CSDU dans l'ouest des AM suscite autant sinon encore plus d'opposition des populations riveraines. Voir ce lien.

Les solutions alternatives proposées par Dany Dietman sont basées sur le paiement des OMr au poids par les ménages - un dispositif difficile à mettre en oeuvre dans les grandes villes (lien).; Ces solutions ont pour but d'accroître la part des déchets triés valorisables et de réduire la part des déchets résiduels non valorisables. Ce résultat a été atteint dans la communauté de communes Portes d'Alsace dont Dany Dietman est le président (lien). Un objectif similaire est recherché par le maire de la commune de Bagnols en Forêt avec une déchetterie exemplaire (lien)..

Mis à jour le 13/02/2011