Le développement de la filière bois énergie intéresse de plus en plus les communes et collectivités. Cela répond à plusieurs évolutions de la société: le changement climatique, l'utilisation des énergies fossiles, les émissions de gaz à effet de serre, le développement durable, le Grenelle de l'environnement. La forêt du Var couvre une vaste proportion du territoire 63% (*); le Var est avec les Landes (65%) et les Vosges (53%)1, l'un des trois départements les plus boisés de France. Cette forêt est peu exploitée aujourd'hui. C'est le résultat d'une évolution due à la révolution industrielle commencée en Angleterre avec le charbon, la machine à vapeur, la sidérurgie, le rail et le chemin de fer. Puis l'arrivée au début du 20è siècle de l'électricité et du moteur électrique et plus récemment des autres combustibles fossiles, pétrole et gaz suivi l'énorme essor des transports multi-modaux mer, terre et air. Auparavant, durant toute la période qui s'étend de la chute de l'empire romain et du moyen-âge, jusqu'au 19è siècle, la forêt avait été défrichée pour créer les espaces agricoles nécessaires à la production de nourriture.
(*) et plus de 80% en pays de Fayence.
À cause de la faible exploitation et de la surface boisée, la production de biomasse s'accroît d'année en année plus que ce qu'on prélève. Ceci a deux effets: d'une part, les espaces végétales stockent de moins en moins de CO2 car les espèces atteignent leur maturité; d'autre part, à cause de l'extension des taillis et broussailles, le risque d'incendie devient plus important. Une gestion plus rationnelle de la forêt aurait donc l'avantage de préserver voire d'accroître la séquestration du CO2 et de diminuer les risques d'incendies.
La filière bois énergie a pour principal support la production de plaquettes pour la combustion en chaufferies automatiques de toutes tailles, du particulier aux bâtiments publiques (lycées et collèges, écoles, mairies etc...). La vidéo ci-dessous produite par Cofor83, montre une telle chaufferie à la CdC Coeur du Var au Luc en Provence.
L'approvisionnement en plaquettes est évidemment un point important. L'approvisionnement par des ressources locales de bois est à privilégier. Cela implique un plan de gestion des ressources forestières, celles appartenant à l'état et aux communes gérées par l'ONF et celles appartenant à des propriétaires privés. La mobilisation de ces derniers est un problème car ces propriétés sont le plus souvent petites, morcelées, difficiles d'accès aux engins forestiers modernes. De plus, toutes les surfaces boisées ne sont pas accessibles en raison de pentes et escarpements. La mobilisation de propriétaires forestiers privés peut se faire par appels à projets, regroupements au sein de structures existantes (Cofor83 ou Spf du Var) ou à créer au sein de ces dernières. L'exploitation peut alors être confiée à des exploitants qui ont le savoir faire et qui investi dans les équipements nécessaires depuis les coupes, jusqu'à la livraison des plaquettes chez les utilisateurs.
Avantages de la filière bois en chaufferies automatiques
Contraintes de la filière bois en chaufferies automatiques
Ce ne sont pas des inconvénients mais des contraintes qui en limitent l'utilisation; les écoles, collèges et lycées, hôpitaux, grands bâtiments publiques etc..). Les collèges de Fayence et de Montauroux figurent sur la liste des sites possibles.
Deux projets très contestés dans la région PACA sont susceptibles d'entrer en concurrence avec la filière bois-énergie de conception locale et circuits courts.
Concernant E.ON Gardanne, la critique est relativement aisée: Il s'agit de la centrale électrique de Gardanne conçue pour le lignite du bassin de Provence exploitée par les Charbonnages de France. La centrale a été reprise par le groupe Allemand E.ON: elle a fonctionné au charbon importé par le port de Fos sur Mer. Cette centrale a été construite dans les années 1950 quand le système consistait à produire l'électricité dans de grandes centrales et desservir un réseau centralisé. Les houillères ont fermé, mais on a voulu préserver l'outil de production d'énergie électrique et les quelques emplois associés. Aujourd'hui cette centrale n'est plus rentable même avec le charbon importé. Vouloir la préserver encore en partie en utilisant du bois régional relève à mon sens de la préservation d'une industrie et de conditions du passé. La quantité de bois requise pour cette production serait énorme et son approvisionnement concernerait toutes les forêts proches et plus lointaines (*). Sans cogénération cad. sans utilisation de la chaleur perdue dans les tours de refroidissement, signifie un rendement énergétique de 37%. Cela pour produire de l'électricité que l'on utilisera en partie pour produire de la chaleur. Alors autant utiliser le bois directement pour cela en chaufferies automatiques à bois dont le rendement énergétique est de l'ordre de 80%. Des chaufferies bois nombreuses, dispersées sur le territoire et proches des ressources forestières. C'est le sens de la transition énergétique nécessaire aujourd'hui. Adapter le prélèvement des ressources forestières à la structure de production d'énergie des années 1950-1960 me paraît une aberration.
(*) 150MW et 435000tpa de bois voir référence 2.
Concernant Inova Brignoles, la critique est plus difficile et requiert plus de nuance: Il s'agit d'une centrale électrique plus petite que celle d'E.ON et surtout avec cogénération d'électricité et de chaleur. La chaleur perdue est utilisée pour alimenter un réseau de chaleur dans la zone d'activité de Nicopolis. Le rendement passe alors de 37% à 67%. Le principal argument des promoteurs et des personnes favorables au projet est la contribution de la centrale à la production d'électricité dans le sud-est de PACA (sécurisation du réseau). Mais là encore on est dans le projet d'utiliser une ressource qui n'est pas adaptée à la taille de l'équipement. Cette taille requiert une énorme quantité de bois - 185000tpa pendant les 20 ans nécessaires à la rentabilité du projet soit 3.7 million de tonnes (*). Cet approvisionnement sera en concurrence avec les autres utilisations possibles, les petites chaufferies bois dispersées proches des ressources, et limitera forcément leur développement à travers le territoire. Ce projet n'est pas compatible avec la transition énergétique nécessaire aujourd'hui.
(*) Voir les réferences 9.
En conclusion je propose que la CdC du pays de Fayence avec l'aide de l'ONF, de COFOR83, du syndicat des propriétaires forestiers du Var et du centre régional de la propriété forestière, s'engage résolument dans les études nécessaires pour développer la filière bois énergie. L'ONF a bien exposé la situation en réalisant le dossier de présentation pour l'appel à projets du Conseil Régional14 et 15. Les forêts domaniales et communales sont relativement bien connues. Il faut compléter par une meilleure connaissance des forêts privées. Cela peut se faire au niveau des communes, du cadastre et des taxes foncières. Un processus qui nécessiterait des tris et risque d'être très long et coûteux. Je propose un "appel à projets" pour que les propriétaires forestiers susceptibles d'être intéressés (*) se manifestent et qu'une structure soit créée pour les accueillir, étudier et élaborer avec eux des plans d'actions.Voir ma sélection de vidéos You Tube 16 et 17.
Tout propriétaire d'une surface boisée n'est pas forcément un contributeur possible pour diverses raisons: terrain trop petit, abandon ou non désir de gestion, pas d'accès..
Références
Mis en ligne le 06/12/2014 
pratclif.com
