liens/links
  1. SMICVAL du Libournais Compost
  2. Gestion des jardins de la ville de Rennes
  3. ADEME
    Audit des plates-formes de compostage de déchets organiques en France avec analyse de composts, d'eaux de ruissellement et bilan des aides Ademe au compostage des déchets verts
  4. Installations de compostage de déchets verts
    Chambre d'Industrie et de Commerce de Paris
  5. Compostage
    Une politique pour favoriser toutes les pratiques de compostage pour encourager la gestion de la plupart des déchets de cuisine et de jardin à domicile afin de réduire les déchets à la source
  6. Compostage mobile/micro-compostage sur site: plateforme de démonstration à Tourves Var
  7. Viste de la station de compostage d'Eguisheim, avec traitement des boues de STEP

DÉCHETS VERTS: Prévenir et valoriser
une nouvelle culture

Les collectivités ont composté un million de tonnes de déchets verts en 2005. Les coûts de traitement et de transports s'accroissent. Extrait de la gazette des communes juin 2009.

La production de déchets verts ne cesse de progresser. En 2005, un million de tonnes produites par les collectivités ont été déposées sur des plateformes de compostage, indique Denis Mazaud, ingénieur expert au département gestion optimisée des déchets à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Le terme de déchets verts recouvre les tontes de pelouse, les feuilles mortes, les résidus d'élagage ou encore les tailles des arbustes et autres haies.

A Rennes (209610 habitants, Ille-et-Vilaine), où la surface d'espaces verts est passée de 60 hectares en 1966 à 850 hectares en 2008, la production de déchets végétaux atteint 4500 à 5000 tonnes par an. Leur élimination présente un coût environnemental souvent sous-estimé, notamment du fait des transports, constate Bertrand Martin, responsable de la gestion des jardins. Mais aussi une charge financière conséquente. Une étude sur le parc du Thabor de Rennes l'évalue à 120€/tonne, transport et compostage compris. »

Choisir les espèces.

Même analyse à Angoulême (46 000 hab, Charente): Nos 320 hectares d'espaces verts ont généré l'an dernier, 8300 mètres cubes de déchets évacués en station de compostage, détaille Didier Rippe, responsable des espaces verts. Selon notre conception actuelle, le jardin urbain doit rester propre et taillé au cordeau. Résultat: il produit des déchets, consomme de l'énergie et des matières premières. Il faut changer nos pratiques d'entretien et tendre vers une gestion plus durable pour composer avec la nature plutôt que la combattre.

Une stratégie adoptée par de plus en plus de collectivités, guidées par le principe selon lequel le meilleur déchet est celui que l'on ne produit pas. Pour diminuer la production végétale et, par conséquent les résidus de taille dont il faudra se débarrasser, il convient en premier lieu de choisir les espèces peu prolifiques.

Certains arbustes, très prisés encore récemment pour former des haies, tel que l'elaeagnus, doivent être taillés jusqu'à trois fois par an pour être maîtrisés, car ils poussent vite et sont envahissants, souligne Christian Griffon, gestionnaire des grands espaces naturels à la direction des parcs et jardin de la ville d'Angers (152 340 hab, Maine-et-Loire). Lorsque nous aménageons de nouveaux jardins ou remanions des espaces existants, nous sélectionnons des essences à pousse lente qui ont aussi l'avantage d'exiger un entretien moins lourd. La taille d'arbustes représente 2 500 tonnes de déchets par an et le premier poste de main-d'oeuvre du service, avec près de 60 000 heures. Il en va de même pour le gazon. Moins il croît moins il nécessite de tonte et moins il produit de déchets. Les variétés à croissance peu rapide sont donc de plus en plus privilégiées.

La production végétale dépend également de la disponibilité en eau et en nutriments dans le sol. La gestion différenciée des espaces verts permet de jouer sur ces deux leviers. Les protocoles d'entretien varient du plus horticole au plus naturel. Si dans les parcs haut de gamme, la pelouse et les massifs sont largement fertilisés et arrosés, c'est de moins en moins le cas dans les jardins d'accompagnement, agrémentant les immeubles ou les voies de circulation et, a fortiori, dans les sites où l'ambiance champêtre est favorisée.

Avantages du broyat.

Beaucoup d'arrosages et de nutriments produisent quantité de déchets, poursuit Christian Griffon. Nous avons donc réduit les engrais azotés et les arrosages, quitte à ce que l'herbe jaunisse un peu sur les pelouses extensives. Cette stratégie nous a permis de diminuer de 15 à 20 % notre consommation d'eau ces deux dernières années. Deuxième règle essentielle pour diminuer le volume de déchets verts arrivant en plate-formes de compostage: ne pas les considérer comme des résidus, mais comme des ressources pour les jardins. Ainsi, la matière organique obtenue en broyant les feuilles mortes et les résidus de taille d'arbuste peut être utilisée soit comme apport de carbone dans des composteurs, soit étalée au pied des arbres.

La fabrication de broyat présente de multiples avantages, observe Christian Griffon. D'abord, nous avons constaté qu'elle permet de réduire de 15 à 20 % les coûts de transport et de compostage par tonne de déchets de taille produite. Ensuite, le paillis nourrit naturellement la terre, qui n'a plus besoin d'engrais chimique. Il limite l'invasion par des mauvaises herbes et donc l'utilisation de désherbant. Enfin, il améliore et maintient l'humidité du sol.

Une technique également développée par la ville de Rennes qui, depuis 2004, a acheté huit broyeurs attelés sur des tracteurs. Depuis 2005, Rennes métropole accorde des subventions aux collectivités pour l'achat de matériel indispensable au recyclage des déchets verts et notamment de broyeurs. Pour ce type de machine, l'aide s'élève à 50% du prix de l'équipement. Notre commune est la première à s'être associée à six autres pour acheter un gros broyeur, témoigne Roland Sarrelabout, maire adjoint de la commune de Rheu (8200 hab.), proche de Rennes. Il faut dire que le traitement de nos déchets nous coûtait 35 000 à 40 000€/an, soit le prix de l'appareil. Avec l'aide de Rennes métropole, il nous revient à 1000€ par an. Mieux, la plupart de nos résidus de taille sont transformés en broyat et épandus sur les parterres.

Le mulching repose sur le même principe. Cette technique consiste à hacher finement l'herbe que l'on laisse sur le sol. Le gazon étant composé à 90% d'eau, il se dégrade naturellement et fertilise le sol. Surtout, il n'y a pas de ramassage et pas de déchets à traiter.

Transformer sur place les déchets issus de chaque jardin

A Angers, les pelouses s'étendent sur 180 hectares sur un total de 565 hectares d'espaces verts et d'installations sportives, développe Christian Griffon. Avant que nous n'adoptions le mulching, elles produisaient 400 tonnes de tontes par an, soit 12% du volume total de déchets. Aujourd'hui, 85% des surfaces tondues ne sont pas ramassées grâce à ce système. Quant aux feuilles mortes, elles sont soufflées vers les haies où elles constituent une source immédiate de matière organique.

Stratégie du compostage.

Le bois d'élagage et d'abattage des arbres peut être valorisé: c'est le cas à Rennes, qui diminue ainsi les coûts de transport et de compostage. Les branchages sont fendus, broyés et transformés en plaquettes pour 60€/tonne (contre 120 pour le compostage, transport inclus). Ces plaquettes sont ensuite utilisées pour le paillage. A Angers, les 200 tonnes de plaquettes produites dans l'année fournissent un combustible aux chaudières à bois des bâtiments du centre technique. La ville estime que les différentes techniques de valorisation des déchets verts ont permis d'économiser 600 heures de transport par camion chaque année. Mais l'idéal serait de tendre vers le zéro transport. Autrement dit, de transformer sur place les déchets issus de chaque jardin.

La ville d'Angoulême s'apprête à lancer l'hiver prochain, un test sur une plate-bande de 5000m2, installée sur le terre-plein central d'un boulevard urbain. Nous allons y planter un mélange d'espèces vivaces, d'arbustes, de prairies fleuries, de gazon pour obtenir un maximum de diversité végétale, précise Didier Rippe. Les déchets produits seront broyés sur place et transformés en matière organique dans des composteurs installés sur l'herbe comme de nouveaux éléments décoratifs.

Stratégie identique à Rennes où la direction des jardins souhaite installer, dès 2010, un site expérimental de micro-compostage dans le parc du Thabor. Nous avons réalisé une étude qui montre que c'est techniquement faisable, notamment en termes de charge de travail pour l'équipe, et acceptable en termes d'aménagement dans un parc historique, tout en divisant par deux les coûts de gestion des déchets, se réjouit Bertrand Martin. Enfin, plutôt que de cacher le tas de compost, nous allons le mettre en avant et organiser des activités pédagogiques autour. Si l'expérience est concluante, nous la généraliserons à l'ensemble de nos parcs fermés.

Partenariat avec les communes

Les producteurs de déchets verts (communes, particuliers et artisans) devraient cette année apporter en déchetterie l'équivalent du poids de deux tours Eiffel, soit 20000 tonnes, constate Nicolas Senéchau, DGS du Smicval du Libournais Haute Gironde (143 communes, 180000 hab.). Depuis 2006, les tonnages ont progressé de 45%. Sur le territoire de l'intercommunalité, la production provenant de l'entretien des espaces verts peut être estimée à 1400 tonnes par an. Lorsqu'une commune de 10000 habitants apporte 300 tonnes de déchets verts dans une déchetterie située à 30 kilomètres de la plateforme de compostage, le coût global varie de 28000 à 40000€, selon que le traitement est plus ou moins poussé, poursuit Nicolas Senéchau. Le syndicat n'ayant jamais pris la décision de faire payer les communes, il débourse environ 150000€ TTC par an pour la gestion des déchets verts et envisage de facturer ce service dès 2010. Afin de maîtriser la production, le Smicval a engagé une réflexion sur la prévention avec les collectivités. Cinq ambassadeurs du tri ont suivi, en 2008, une formation de guide composteur auprès de l'association "Les jardins d'aujourd'hui", à Bordeaux, avec le financement de l'Ademe et du conseil général (28000€ chacun). Depuis, le syndicat organise régulièrement des sessions de formation pour les agents des communes, au cours desquelles les guides composteurs diffusent leur savoir.


Près de chez nous dans le Var, la société Eco-Concepts de Tourves a pour projet de servir les communes avec des sites décentralisés de compostage et de traitement des déchets verts. La plateforme de Tourves est le lieu de démonstration des techniques de compostage et de production d'un compost de qualité agronomique cad. aux normes, notamment en ce qui concerne les éléments traces métalliques ETM. Dans ce projet, Eco-Concepts propose d'assurer aux communes l'écoulement et la distribution des composts ce qui leur assure des rentrées financières.


Mis en ligne le 05/07/2009 par Pierre Ratcliffe. Contact: Portail: http://pratclif.com