Elections municipales: décrochage de Sarkozy; quel impact?

Éditorial d'Alain Duhamel Var Matin 19 janvier 2008.

La saison des voeux officiels s'achève, la saison des élections municipales commence. Pour la majorité présidentielle, elle est obscurcie par le net décrochage de Nicolas Sarkozy dans les sondages. Quels que soient les instituts, les diagnostics concordent : la belle image du président de la République s'écorne, ses scores passent en dessous de la barre des 50 % d'adhésion. Les deux raisons qui reviennent régulièrement sont sans surprise. Les promesses d'amélioration du pouvoir d'achat ne se concrétisent pas. Nicolas Sarkozy avait bâti sa campagne autour du thème du "travailler plus pour gagner plus".

Si le système des heures supplémentaires détaxées et défiscalisées fonctionne bien, le reste se fait attendre. Le rachat des RTT et le déblocage de la participation auront peut-être un effet positif mais il est à venir et ne concernera qu'une fraction des Français. Le relèvement des pensions modestes n'aura lieu qu'après la conférence générale sur l'avenir des retraites. Il y a donc de la déception et du désenchantement dans l'air.

Par ailleurs, le style très personnel de Nicolas Sarkozy, son mode de vie insolite pour un chef de l'État, avaient au départ intrigué et amusé. Ce mouvement perpétuel, ses initiatives à jet continu, ses ruptures à la chaîne avaient impressionné.

Sa vie personnelle agitée a été moins bien accueillie, notamment par les personnes âgées, et son goût trop décomplexé pour le "star-system" ont déplu, d'autant plus qu'il contrastait avec les problèmes de vie quotidienne que rencontrent les Français. Ceux-ci ont envie d'un président qui s'occupe d'eux et non pas de lui-même, qui ne proclame pas sa proximité avec les citoyens tout en en s'éloignant, au moins en apparence.

Ils ont élu un homme de changement concentré sur leurs problèmes et n'ont pas pour objectif que le chef de l'État soit heureux dans sa vie personnelle.

La question est maintenant de savoir quel impact ce changement de climat peut avoir sur les élections municipales, le premier test politique significatif depuis la victoire de Nicolas Sarkozy. Les élections municipales sont certes des consultations avant tout locales. Elles n'en comportent pas moins, inévitablement, une part d'enjeu national. Le désamour au moins provisoire dont est victime Nicolas Sarkozy ne peut donc constituer qu'un facteur négatif pour la majorité. Peut-il être redoutable, notamment dans les grandes villes, les plus politisées? Nicolas Sarkozy est un homme réactif.

D'ici au 9 mars, il ne pourra certes pas infléchir le fond de sa politique et moins encore les résultats à en espérer. En revanche, il évitera probablement les erreurs de communication et le brouillage d'image qui lui ont nui. Il va méthodiquement se représidentialiser. Il compte aussi sur les divisions et les flottements de la gauche au niveau national. Il n'est cependant pas évident que cela puisse suffire.

Avant Noël, les sondages électoraux locaux donnaient de l'espoir à la majorité. Aujourd'hui, ils préservent ses zones de force mais menacent ses positions plus fragiles.


Mis en ligne le 20/01/2008 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr) sites web http://paysdefayence.blogspot.com et http://pierreratcliffe.blogspot.com