Les habitants des villes de la côte montent à la montagne

Var Matin 20 janvier 2006; FRÉDÉRIC DELMONTE

Ces cinq dernières années, les villages de montagne du haut-pays grassois ont tourné définitivement la page de l'exode rural. Une enquête publiée hier par l'INSEE confirme cette observation : "C'est au sein de l'espace rural, dans les zones attractives les moins denses et de plus en plus loin des zones d'influences des villes, que l'accélération de la croissance démographique est la plus sensible".

Dans les Alpes-Maritimes, ce phénomène est accentué par la flambée de l'immobilier, qui se propage du littoral au moyen pays. Avec l'augmentation du prix du mètre carré, des citadins, qui recherchent de l'espace et du calme, n'hésitent plus à s'éloigner des centres urbains, avec l'idée que "plus on monte, moins c'est cher". «Pour 200 000 à 230 000 euros, il est possible de trouver, au-dessus de Saint-Vallier, une villa correcte avec un terrain confortable" avance Brigitte Authier, de l'agence Funel Immobilier. Par conséquent, dans le secteur, "les acheteurs, surtout des couples actifs avec enfants, recherchent essentiellement leur résidence principale". Ils s'intéressent aux chalets, appartements de station et bâtisses de village autrefois délaissés, ou ouverts seulement le week-end, comme à la Moulière (Caille).

Et les communes concernées par cette migration qui vient "d'en bas" se transforment. La plupart des maires voient d'un oeil favorable ce phénomène : "C'est agréable toutes ces petites têtes à l'école communale" se réjouit Francis Galliano, à Escragnolles. Mais en même temps, il faut agrandir les écoles, étendre les réseaux d'assainissement, entretenir les routes... De leur côté, les habitants de longue date et les nouveaux venus apprennent à vivre ensemble : culture rurale, contre habitudes citadines, comment tournera cette cohabitation?

Mais c'est le nouveau mode d'occupation de l'espace qui est pour l'instant le plus marquant. Il y a encore très peu de création d'emplois et la plupart des nouveaux ruraux gardent leur travail en ville... Chaque jour, ils font la route et selon l'INSEE, ils n'hésitent pas à rouler plus longtemps que la moyenne nationale, qui est de 30 à 50 km entre domicile et bureau. Effectivement, "l'augmentation démographique concerne surtout les communes proches de la route Napoléon» constate Thierry Gueguen, conseiller général du canton de Saint Auban.

Ces villages de montagne changent, mais il est encore trop tôt pour savoir s'ils deviendront des banlieues du littoral, où s'ils trouveront la force de garder leur identité. C'est l'enjeu des prochaines années.

Prix:

Témoignages

1. Institut national de la statistique et des études économiques. Enquête annuelle de recensement 2004 et 2005. Titre : La croissance démographique s'étend toujours plus loin des villes . N° 1058, janvier 2006