PAYS DE FAYENCE: arrêter la fuite en avant

Je reviens sur la "fuite en avant" et la nécessaire maîtrise de la croissance démographique et urbaine dans le pays de Fayence, face aux nombreux déséquilibres qui se manifestent - augmentation des prix de l'immobilier, début de pénuries d'eau, destruction des paysages, zones d'activité mal intégrées dans le paysage, multiplication des zones de construction après changements d'affectation dans les POS, publicité ne respectant pas la législation au bord des routes, etc...

Concernant les zones d'activité qui développent et diversifient le tissu économique, mais qui se préoccupent peu de leur intégration dans le paysage, voir les deux exemples suivants pris à Montauroux, mais que l'on trouve aussi dans les autres communes (Callian, Tourrettes et Fayence).

Plan oriental

Plan occidental

Je commencerai en me réfèrant à la définition de l'intérêt Communautaire, formulée dans les statuts version 1/2/2006 proposés au vote des communes en ce premier semestre 2006.

La notion d'intérêt communautaire résulte des impératifs suivants :

  • nécessité pour les habitants et pour les visiteurs de préserver l'attractivité du canton qui ne doit pas mourir ou se déprécier, victime de ses atouts


  • nécessité de maîtriser la demande foncière en vue d'arriver à un palier de stabilisation de la population permettant d'aller au bout de ses besoins en équipements et en services publics.


  • contribuer à la constitution d'un tissu économique plus riche, non fondé sur la fuite en avant d'une croissance artificielle due à l'évolution de la population, mais créé au moyen des ressources des communes membres.


  • Affirmer l'indépendance du territoire ainsi formé vis à vis des décisions extérieures, qui concernent cependant ses ressources et ses espaces.


Si cette charte est adoptée par l'ensemble des communes, et que la communauté de communes voit effectivement le jour, les habitants pourront espérer que des changements notables auront lieu. Car,

  • préserver l'attractivité du canton qui ne doit pas mourir ou se déprécier,
  • maîtriser la demande foncière pour stabiliser la population,
  • contribuer à la construction d'un tissu économique basé sur les ressources des communes membres,
  • affirmer l'indépendance vis à vis de décisions extérieures qui concernent ses ressources et ses espaces...

voilà je crois le désir d'une grande partie de la population du canton; il ne faudrait pas que cette déclaration de principes reste sans actions concrètes.

Dans un autre article, j'ai décrit la pression migratoire qui s'exerce sur le pays de Fayence et à la fin de cet article j'ai indiqué comment maîtriser cette évolution et suggéré des pistes. Je voudrais expliquer ici ce que maîtriser pourrait être.

Est-il obligé que le pays de Fayence doive accueillir et faire de la place pour toute l'Europe et même l'Amérique, et les villes de France; Hambourg, Hanovre, Rotterdam, Stockholm, Copenhague, Amsterdam, Londres, Lille, Paris et les autres villes du nord de la France. Faut-il impérativement que chaque visiteur emerveilllé par le pays, ses paysages, ses espaces et son climat, puisse y acquérir la place pour y construire sa villa, qui souvent sera occupée moins de 6 mois par an.

Car faire la place c'est défricher, détruire ces payages, construire, ajouter des infrastructures, des routes, des centres commerciaux, des stations d'épuration, aller chercher l'eau toujours plus profondément et en diminuer la ressource renouvelable, etc.

Que les visiteurs attendent que les logements existants se libèrent par le départ ou décès de leurs occupants, que les prix évoluent alors à la hausse par effet de la demande et de l'offre, je n'ai rien à dire. Mais que les maires de nos communes accompagnent le mouvement, l'encouragent et l'amplifient, voilà la fuite en avant et le cercle vicieux.

En plus, pour tous ces visiteurs, comme pour les candidats migrants de la côte, les taux d'intérêt sont très bas, la concurrence entre les institutions financières est vive, et l'incitation fiscale du taux de TVA de 5.5% au lieu de 20.6% pour la rénovation de logements anciens, encourage à bâtir. La tendance à la hausse des prix de l'immobilier est générale en France et en Europe; et qui vend un bien pour en acheter un autre fait seulement un transfert. Le niveau des revenus, les taux d'intérêt et la concurrence entre les banques permettent facilement de financer des accroissements de valeur de biens, y compris pour les retraités.

Alors devons nous être piégés par cette situation? Devons nous continuer indéfiniment à saccager ce pays? Car une fois que ce sera fini, les plus fortunés iront recommencer ailleurs, à Marakech ou Agadir, et ce seront ceux qui resteront qui paieront les dégâts. Il y a bien des pays, - Suisse, Allemagne et Autriche pour ne citer que ceux-là -, et bien des communes de France, - Lourmarin et autres communes du Luberon, la Croix Valmer et autres communes de la côte varoise - où les élus ont fait le choix que leurs administrés souhaitent, freiner voire arrêter l'urbanisation.

J'ai bien conscience que cela aura l'effet d'une régression; car une partie importante de l'activité et de l'emploi dans ce pays est orientée dans cette fuite en avant. Comptez le nombre d'entreprises qui vivent du bâtiment, et le nombre d'agences immobilières. Tous ceux-là crieront au danger de supprimer des emplois.

C'est bien la preuve que nous vivons dans un cercle vicieux dans lequel nous nous sommes enfermés. La communauté de communes aura donc une tâche très difficile; elle aura besoin de l'aide et de l'appui de toutes les associations, notamment CEI "Construire Ensemble l'Intercommunalité".