Pour le développement de la filière bois en pays de Fayence

Le développement d'une filière bois - dont bois énergie - en pays de Fayence n'est pas aussi simple qu'on pourrait le croire. Cela demande du temps et il faut s'y atteler de suite. Il s'agit d'une ressource potentielle et renouvelable importante, puisque la forêt couvre plus de 80% du territoire; mais la question, comme pour toute ressource naturelle - minière par exemple - c'est quelle est la part de cette ressource qu'on peut exploiter de manière "économique", c.a.d comment la mobiliser. Pour cela il faut que les produits extraits aient une utilité; que des consommateurs veuillent les acquérir pour satisfaire des besoins et qu'ils puissent en payer le prix.

Le prix est la résultante des coûts engagés pour mobiliser la ressource, produire les produits et les mettre à disposition des consommateurs là où ils se trouvent. Pour cela il faut des accès à la forêt, des machines, des entreprises forestières et du personnel spécialisés. Mais il faut au préalable que la ressource soit correctement inventoriée et évaluée, à l'instar des réserves en exploitation minière. Cela implique la délimitation des surfaces boisées, le nombre et la nature des espèces présentes, leur valeur économique - bois d'oeuvre, bois industriels, bois énergie pour le chauffage - leur quantification, l'estimation de leur valeur sur la base des prix du marché et la connaissance des consommateurs. Et à l'instar des mines où intervient la durée d'exploitation de réserves économiques non renouvelables, ici intervient la durée qui s'écoule entre les coupes et le renouvellement de la ressource. Par exemple, entre deux coupes, 40 ans peuvent être nécessaires. C'est la gestion durable de la ressource.

La ressource forestière est là, il faut pouvoir la mobiliser de manière économique et durable sans nuire aux autres fonctions de la forêt: réserve de biodiversité, préservation de la fertilité des sols, tourisme et loisirs.

L'application de ces éléments est visible en pays de Fayence où la forêt occupe plus de 80% du territoire, une ressource très importante donc. Les débroussaillements effectués par l'ONF le long des routes départementales sont régulières, en particulier cet été sur la D37 de Callian à Mons. On a vu abattre de grands pins de 40-50 ans d'âge, débardés de leurs branches et de leurs houppiers, et certaines grumes extraites et transportées aux scieries. Les camions qui venaient faire ce travail étaient immatriculés en république Tchèque!

L'ONF peut plus facilement exploiter la forêt domaniale propriété de l'État, ou communale puisque les communes lui en confient la gestion, que les propriétaires privés. Vu l'obligation de débroussailler le long des routes, les accès sont plus faciles à aménager et l'ONF confie les travaux à des entreprises privées dans le cadre de contrats de droit commun. L'aspect économique est moindre puisqu'il y a obligation de débroussailler et que le coût en incombe en partie aux collectivités locales. Pour les propriétaires privés, c'est plus difficile. Les surfaces sont plus petites, parfois enclavées, et les accès sont devenus inexistants ou non utilisables par des engins modernes, notamment pour l'évacuation des grumes de bois d'oeuvre qui constituent la valeur la plus élevée. L'aspect économique joue à plein pour eux. Cela nécessite d'abord l'inventaire de la ressource, puis l'évaluation des produits commercialisables. Beaucoup de petits propriétaires privés renoncent dès le départ à l'exploitation de la ressource. Soit qu'ils n'en trouvent aucun intérêt financier ou qu'il ne trouvent pas d'entreprise forestière intéressées de le faire pour lui moyennant rémunération. Beaucoup de propriétaires privés laissent alors la surface en l'état, attendant qu'un jour cette surface devienne constructible. Et c'est ainsi que se transmettent de génération en génération des biens fonciers forestiers. Qui plus est, au fur et à mesure des héritages, ces propriétés se divisent et deviennent plus petites. Pour surmonter cette difficulté et réussir à développer une filière bois, il faut donc regrouper les propriétaires privés et développer entre eux des projets collectifs avec l'aide de syndicats forestiers comme le syndicat des forestiers privés du Var.

Les débouchés traditionnels du bois sont le bois d'oeuvre, le bois industriel et le bois énergie [lien]. Le bois énergie connaît une évolution depuis le Grenelle de l'environnement et la politique de transition énergétique. Il s'agit du retour au chauffage en chaudières automatiques et chaufferies de bâtiments publics [video]. Le chauffage au bois est encore associé aujourd'hui avec le chauffage bûche en feu ouvert ou en insert où la proportion d'imbrûlés est élevée et avec des contraintes d'approvisionnement, de mise en oeuvre et d'évacuation de cendres. La chaudière automatique élimine ces contraintes et la proportion d'imbrûlés est quasi nulle. Elle est particulièrement adaptée pour le chauffage collectif. Le produit utilisé est le bois déchiqueté en plaquettes ou broyé et granulé. La filière bois énergie participe ainsi à une meilleure utilisation de la ressource totale. On peut aussi utiliser les déchets de recyclage de tous les bois amenés dans les déchetteries broyés et granulés; il s'agit alors d'une valorisation énergétique de ces déchets.

L'économie du bois énergie est un élément important. Les plaquettes ou granulés doivent se comparer favorablement au prix du fuel, gaz ou électricité. Prix de la tonne de plaquettes ou de granulés, prix à la tonne équivalente pétrole (Tep), sont les facteurs déterminants.

Le développement économique en pays de Fayence bénéficierait beaucoup du développement de la filière bois. Cela passe d'abord par la création de chaufferies bois par les communes pour leurs bâtiments collectifs. L'approvisionnement peut se faire au début par des apports extérieurs. Ensuite il faudra développer les sources locales. Tout cela contribuera à créer des activités locales et des emplois(*). Voir les références, notamment les vidéos sur le PAT plan d'aménagement territorial5 et le programme 1000 chaufferies en milieu rural4. Notre CdC pourrait s'inspirer de l'étude sur la mobilisation de ressources pour le développement de chaufferies bois sur le territoire du Pays d’Argentan Pays d’Auge Ornais10.
(*) Si elles existent ailleurs (Grasse, St-Raphaël, Fréjus, Draguignan...), on pourrait aussi concevoir de développer la filière bois énergie pour alimenter les chaufferies bois externes.


Références
  1. Définitions: bois d'oeuvre, industriels et énergie
  2. Chaufferies bois
  3. Chaudières automatiques et chaufferies
  4. Programme 1000 chaufferies en milieu rural
  5. Plan d'aménagement Territorial PAT; approvisionnement de la filière
  6. Bois énergie : ressources et développement à l’horizon 2030
  7. Chaufferie bois mobilisation de la ressource
  8. Vidéos sur la filière bois et bois énergie
  9. Filière bois énergie. Quizz vrai et faux.
  10. Etude sur la mobilisation de ressources ligneuses pour le développement de chaufferies bois sur le territoire du Pays d’Argentan Pays d’Auge Ornais (PAPAO)
  11. Inventaire forestier national IFN tout sur la forêt en France.
  12. IFN: Quelles sont les ressources exploitables?
  13. Office National des Forêts ONF
  14. Office National des Forêts ONF
  15. Prélèvements faibles dans le sud-est, dans le Var et le pays de Fayence (source IFN)

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Mis en ligne le 29/11/2014 pratclif.com