"L'eau du Var-Est et du littoral, de l'an 50 à l'an 2000" par Vito Valenti spécialiste des ouvrages hydrauliques romains

Vito Valenti est ex-collaborateur de M. Elie Brun, maire de Fréjus, au sein du Syndicat de l'Eau du Var-Est et des Services concédés de la Ville de Fréjus

Le 12 octobre 2006 au cours d'une soirée à l'auditorium de Saint-Raphaël sur le thème "L'Eau et la Vie, une relation durable" Vito VALENTI a présenté une communication intitulée "L'Eau du Var-Est et du littoral, de l'an 50 à l'an 2000" Vito VALENTI est à la retraite depuis mars 1999. Il est un ancien collaborateur de M. Elie Brun, maire de Fréjus, au sein du Syndicat de l'Eau du Var-Est et des Services concédés de la Ville de Fréjus. Il s'intéresse depuis 30 ans aux techniques de construction et au fonctionnement des aqueducs de l'antiquité. il tissé sur ce thème de nombreux liens et contacts avec des passionnés et des experts en France et à l'étranger. Depuis 4 ans il s’intéresse aux archives du XIXème siècle pour localiser les réemplois d'ouvrages hydrauliques romains. Le XIXème siècle est le point de départ en Europe, de l'ère industrielle et de la modernisation de l'agriculture nécessitant d'importants besoins en eau.

Il présente une rétrospective des ressources en eau dans cette région de l'an 50 à l'an 2000.

Fréjus en l'an 50, s'appelle « Forum Julii» ville construite par les romains avec son port, ses arènes, son théâtre, ses fontaines, ses thermes et son aqueduc. Pour donner de l'eau potable, de bonne qualité à cette nouvelle colonie, les ingénieurs romains ont construit un aqueduc de 40 km, à travers un parcours accidenté, pour capter la source Neissoun de la Siagnole à l'altitude +535 m au pied du village de Mons.

Cet aqueduc déversera ses eaux dans un partiteur au point le plus haut de la ville, à l'altitude + 35 m, avant distribution vers les fontaines publiques, les établissements d'eau et les maisons raccordées.

Avec une section de 1,50m x 0,70m, la capacité de débit de l'aqueduc était de 400 à 600 litres/seconde suivant les saisons, soit en moyenne 35000 m3/jour. Si on estime la population de la cité romaine à 15000 habitants, la ressource en eau disponible était de plus de 2m3/jour/habitant (aujourd'hui 300 litres par jour et par habitant).

L'aqueduc fonctionnera pendant 3 siècles. En fin de service, fortement concrétionné et colmaté par manque d'entretien, son débit tombera à 150 litres/seconde avant sa destruction et son abandon définitif au IVème siècle de notre ère.

Au début du XIXème siècle dans le moyen Var, le monde agricole s'intéresse au retour des eaux de la Siagnole.

En décembre 1836, par courrier adressé au préfet du Var, le Marquis Henri de Villeneuve soumet un projet de réparation de l'aqueduc romain pour fournir de l'eau d'arrosage à ses terres de Tourrettes et associer dans cette opération les communes de Callian et de Montauroux. Aussitôt le Préfet charge l'agent voyer Louis Just de relever l'état des lieux de l'aqueduc romain entre la source de la Siagnole et Callian. Cette étude achevée en Février 1838, confirme la faisabilité et la mise en eau des ouvrages après réparation. 36 ans de négociations seront nécessaires entre les intéressés, les opposants du village de Mons, l'administration d'État et les communes, pour faire aboutir ce projet.

En 1874, l'aqueduc romain sera enfin réparé sur 8,4 km entre Mons et Callian et remis en eau.

Le débit dérivé de la source romaine de la Siagnole est fixé par Décret impérial du 14 juin 1870 à 300 litres/seconde destiné prioritairement à l'irrigation de 400ha sur les territoires de Tourrettes, Callian et Montauroux.

La société concessionaire du canal, visée par le Décret impérial, est co-gérée par les Sieurs SEGOND maire de Callian, ARQUIER maire de Tourrettes, le Marquis de Villeneuve-Bargemont et le Vicomte de Barrême.

Deux conduites en poterie pouvant débiter 2 litres/seconde alimenteront les fontaines de Callian et de Montauroux.

Mais alors pourquoi 300 litres/seconde?

Des jaugeages réalisés en 1860 dans la source romaine ont fixé le débit moyen d'étiage à 400 litres/seconde. Comme il fallait laisser 100 litres/seconde dans la rivière Siagnole pour alimenter, à 1200m en aval, les moulins à huile et à farine de la petite commune de Mons. Le débit dérivé a ainsi été arrêté définitivement à 300 litres/seconde.

Toute demande de débit supplémentaire devait donc faire l'objet de ressources nouvelles.

En 1894, vingt quatre ans après la 1ère concession, l'eau de la Siagnole sera de retour à Fréjus et Saint-Raphaël.

C'est Félix MARTIN, maire de Saint-Raphaël (1878 à 1895) qui sera l'initiateur de ce grand projet moderne d'adduction: le retour des eaux de la Siagnole sur le littoral après 15 siècles d'interruption.

Le débit de la source Neissoun étant figé à 300 l/s, une seconde source moins puissante a été captée à 200m en aval en 1891. C'est la source Jourdan, plus basse de 10m, qui apportera les 75l/s nécessaires aux besoins.

Les travaux comprennent :

Le débit dérivé est porté à 375 l/s par Décret du 2 juin 1891. (sous la présidence de Sadi Carnot). Le nouveau concessionnaire visé par le Décret est géré par les Sieurs PÉCOUT frères et MALLET.

Les dotations supplémentaires accordées sont de 25l/s pour Fayence, 20l/s pour Callian et Montauroux, 14l/s pour Saint-Raphaël et 8l/s pour Fréjus.

Le Décret du 1er avril 1895 approuve la substitution de la Société des Grands Travaux de Marseille (G.T.M.) aux Sieurs Pécout et Mallet.

Après la guerre 1914-18, les autorités militaires projettent d'installer un camp et un hôpital à Fréjus pour accueillir les blessés de guerre et des unités annamites et africaines. Le climat est sain et l'eau de la Siagnole est réputée bonne pour rétablir les malades.

Les besoins sont de 50 l/s. Même scénario, il faut d'abord trouver une nouvelle ressource en eau. Une galerie de captage sera alors réalisée entre les sources Neissoun et Jourdan. Cer sont les sources dites "nouvelles" de 1918 et raccordées au canal Jourdan.

Les travaux, subventionnés par le Ministère de la guerre et des communes intéressées ont été réalisés en 1920 par la Société des Grands Travaux de Marseille (G.T.M.)

Ils comprennent :

Le débit dérivé est porté à 425 l/s par Décret du 14 février 1928 (régularisation après 8 ans de fonctionnement). Sur le supplément de débit de 50 l/s apporté par les « sources nouvelles», 30 l/s seront réservés aux camps militaires et 20 l/s au canton de Fréjus (dont Roquebrune, le Puget-sur-Argens, Bagnols et St Paul-en-Forêt).

Il en résulte:

À la construction par E.D.F. de la retenue de Saint-Cassien entre 1962 et 1965, la pose d'une canalisation de contournement du lac par le pont de Préclaou a été nécessaire.

8 km d'anciennes canalisations de 1894 et 1920 et d'aqueduc romain sont abandonnés dans le nouveau lac.

De nouvelles ressources pour la région.

En 1920, il n'y a plus de possibilité d'augmenter le débit de 425 l/s des 3 sources de la Siagnole alors que la situation de l'alimentation en eau de Saint-Raphaël et Fréjus devient dramatique.

Les communes du littoral sont alimentées par les seules sources de la Siagnole et les débits attribués ont été portés :

Malgré cette augmentation, les deux communes connaissent de graves problèmes d'alimentation en eau avec un accroissement constant des populations locales et touristiques dès 1920.

En 1927, les élus des deux communes s'entendent sur un programme de recherche d'eau dans divers lieux de prospection:

1931 - LE FOURNEL

Un puits d'essai de 8,50 m de profondeur réalisé en août 1927 dans les alluvions du Fournel est très prometteur avec un débit de 20 l/s. Une analyse de l'eau révèle une minéralisation peu élevée mais une bactériologie inacceptable, probablement due à une contamination en cours de travaux. À la lumière de ces résultats des divergences s'installent pendant 3 ans entre Fréjus et Saint-Raphaël sur la qualité de l'eau du Fournel pour la consommation humaine et les capacités hydrauliques de la nappe.

Les élus de Saint-Raphaël sont tentés par le projet des Incapis sur la commune de Draguignan et hésitent à s'associer au projet du Fournel. L'administration des Ponts & Chaussées s'appuyant sur les études réalisées conseille à l'assemblée de choisir le projet du Fournel.

Le 23 janvier 1931, le conseil municipal de Saint-Raphaël opte pour la fourniture d'eau industrielle et d'irrigation par le Fournel en attendant les résultats du Conseil Supérieur d'Hygiène pour un usage domestique. Débit souscrit 100 l/s. Le service est concédé à la Société des Eaux du Littoral.

Le 16 iuillet 1931 le Ministre de la Santé Publique autorise la commune de Saint-Raphaël à utiliser les eaux du Fournel pour les besoins alimentaires.

Le 12 octobre 1931, le conseil municipal de Fréjus concède les travaux de forage, pompage et traitement des eaux du Fournel à la Compagnie des Eaux et de l'Ozone (prédecesseur de Veolia) dont les procédés de stérilisation à l'ozone sont appréciés.

1957 La commune de Roquebrune-sur-Argens adhère au Fournel pour alimenter le quartier des Issambres.

Après la catastrophe de Malpasset le 2 décembre 1959, la ressource du Fournel a été renforcée en attendant la construction du barrage sur Biançon sur la commune de Tanneron. Ce barrage donnera naissance en 1965 à la réserve d'eau de Saint-Cassien. (60M de m3). Les droits de prélèvement d'eau dans la nappe du Fournel sont fixés à 250 l/s.

1959 - RAPPEL MALPASSET

La retenue de Malpasset (50M de m3) devait alimenter en eau, 10 communes entre Fréjus et St Tropez avec une potentialité évaluée à 1600 l/s dont :

Après la rupture du barrage de Malpasset le 2 décembre 1959, les communes du Var-Est et du littoral s'organisent autour de Syndicats de gestion de la resoource pour faire face aux besoins des populations locales et saisonnières en constante augmentation.

1961 - POMPAGE DANS L'ARGENS ET USINE DU MUY (aujourd'hui SEVE)

Réalisée dans l'urgence en 1961 à 17 km de Fréjus sur une rive de l'Argens, elle doit faire face à la nouvelle situation d'après Malpasset. Les droits de prélèvement dans la nappe et dans la rivière Argens sont de 300 l/s

1972 - USINE DU GARGALON

Réalisée en 1972, l'usine du Gargalon traite les eaux brutes du nouveau lac de Saint-Cassien. La fourniture d'eau brute est assurée par la Société du Canal de Provence. Les droits de prélèvement pour usage domestique sont de 400 l/s.

Une dérivation par le partiteur de Bouteillière, permet à la SCP de fournir 660 l/s pour l'irrigation de la plaine de l'Argens.


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Mis à jour le 29/01/2017 pratclif.com