"la vie moderne" de Raymond Depardon; quelques critiques de spectateurs

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Didier Roth-Bettoni Critique de film
uoi qu’il filme (stars, politiciens, justiciables...), Raymond Depardon filme la vie. Moderne, forcément, puisqu’elle est toujours inscrite dans le présent. C’est la force inlassable de son travail de documentariste que de saisir l’écho de leur existence sur le visage de ses interlocuteurs, dans leurs paroles comme dans leurs silences ou leurs gestes quotidiens. Pourtant, jamais peut-être cela n’a été plus sensible que dans Profils paysans, trilogie consacrée au monde rural dont ce film est la dernière partie. Parce que Depardon vient de ce monde-là et éprouve une forme de nostalgie coupable à l’avoir fui. Toujours est-il que les hommes et les femmes – jeunes et surtout vieux – qu’il suit avec sa malice et sa tendresse coutumières révèlent ici une réalité du monde agricole débarrassée des clichés : ils sont désespérément attachés à leur terre qui se dépeuple, luttant contre la solitude ou l’endettement, et surtout tournés vers l’avenir même si celui-ci n’est pas rose.

Pariscope - Arno Gaillard Critique film
Le cinéaste, on le sait, suit depuis dix ans la paysannerie de moyenne montagne, « Profils paysans: L'approche » et « Profils paysans chapitre 2 : Le quotidien » étaient les deux premiers rendez-vous de cette trilogie. Avec ce troisième chapitre, nous le suivons entre les murs des fermes dans lesquelles s’installent connivences et confidences, entre le réalisateur et ses interlocuteurs devenus des amis. Un moment rare, bouleversant, durant lequel des chiens courent par les routes et les prés, de vieux paysans bourrus se confrontent aux femmes de la nouvelle génération, un petit garçon confie à ses parents qu’il veut faire le métier de son papa, agriculteur; tout cela accompagné par la musique de Gabriel Fauré. Voilà ce que montre comme aucun autre Raymond Depardon, sa caméra filme la matière des sentiments. « La vie moderne » devrait être projetée dans toutes les « grandes » écoles qui forment les futures élites de la République. La fin de paysans ? Non, juste une douloureuse mutation.

Bidulotron -29/10/08 Avis de spectateurs
Je suis allée voir ce film le jour de sa sortie avec mon mari et autant l'un que l'autre avons été déçus en ressortant. Certes, les agriculteurs rencontrés sont authentiques et correspondent à 100 % au cliché qu'on peut se faire des paysans. La campagne sous la neige et au soleil est très belle. Le rythme du film est lent, mais on se laisse prendre dedans. Cependant, nous aurions aimés voir un film avec des gens simples qui ont quelque chose à dire, ne serait-ce que le récit de leur quotidien, mais ces gens ne parlent pas. Nous attendions d'être touchés par leur relation avec leurs animaux, leur environnement, le sujet est à peine effleuré. Nous espérions un fil conducteur, nous ne l'avons pas trouvé. Il y a des séquences où la personne qui est interrogée répond brièvement par oui ou non aux questions du réalisateur, puis, silence. Puis à nouveau cette boucle question/oui-non/silence qui revient sur 10 mn. Les personnes interrogées n'ont rien à dire et c'est lassant. Une bonne idée mais peut-être mal présentée.

Bidulotron -29/10/08 Avis de spectateurs
L’amour est dans le pré au cinéma ! Ou comment le monde paysan a enfin le droit à un peu de notoriété sur nos écrans. Merci à Raymond Depardon de revenir dans ces campagnes oubliées par des citadins toujours plus individualistes et repliés sur eux-mêmes.


Mis en ligne le 29/03/2009 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr) Portail: http://pratclif.com