Bagnols en Forêt - décharge des Lauriers
le bras de fer continue au sein du SMIDDEV

Le bras de fer continue à propos de la méga décharge des Lauriers - centre de stockage des déchets ultimes CSDU - sur la commune de Bagnols en Forêt. Cette décharge reçoit plus que des déchets ultimes: 120-140kt/an de déchets de toutes sortes - ordures ménagères résiduelles, encombrants, déchets non valorisés du tri sélectif et des déchetteries. Voilà des années que cette décharge se construit et s'agrandit. La saturation prévue des casiers et des alvéoles en cours nécessite un nouvel agrandissement que SMIDDEV le maitre d'ouvrage du site prévoit pour 2013.

Mais le maire de Bagnols en Forêt et la population qui le soutient dont l'association bagnolaise d'information ABI, s'opposent à l'agrandissement dans les conditions d'exploitation passées et en cours. La commune de Bagnols est maître du foncier aussi bien de l'extension, que du site actuel où sont implantés les installations aux termes d'une concession de 2002 qui devra être renouvelée en juin 2013 (lien).. Les communes membres du SMIDDEV veulent imposer à la commune de Bagnols une procédure de transfert forcé pour cause d'utilité publique (lien)..

NB: notre canton de Fayence est client du SMIDDEV pour ses ordures ménagères amenées au quai de transfert de la déchetterie cantonale que gère la CdC. Que faire des déchets, si elles ne peuvent pas continuer d'être enfouies dans cette méga-décharge de l'Est Var?

Le problème, comme ailleurs, est le retard que certaines collectivités locales ont pris pour appliquer les lois sur la gestion des déchets, dont la première remonte à 1992 (loi Royal) et la dernière, la directive européenne (lien) qui doit s'appliquer d'ici 2013 et qui interdit la mise en décharge d'ordures ménagères résiduelles au motif qu'il s'agit de déchets organiques valorisables. Cela est expliqué aussi de manière pédagogique dans la section consacrée aux déchets sur le site de l'ADEME (lien). Le retard pris s'explique par de multiples raisons et difficultés, dont la mise en oeuvre de procédés et de moyens de tri, de recyclage et de valorisation à partir des sources en amont, pour réduire au minimum la quantité de déchets ultimes mis en décharge. Le film de Guy Lagache "prêt à jeter" sur les déchets, nous a rappelé l'importance de la croissance des déchets produits par notre société de consommation, croissance que la commission européenne veut enrayer, reflétant la conscience collective.

La difficulté me semble qu'entre le "tout en décharge" et le "tout en incinérateur" il n'existe pas de filière unique de traitement des déchets depuis leur production à la source jusqu'au point où ils sont éliminés de nos préoccupations. On peut aussi dire qu'entre le "tout dispersé et traité à la source" et le "tout concentré et traité collectivement" il y a de multiples dispositifs et procédés, qu'il faut assembler de manière efficace et satisfaisante. La distribution de composteurs individuels, le tri sélectif et le traitement par les filières de recyclage (lien)... font partie de la filière à construire par chaque collectivité.

La commune de Bagnols en forêt sur le site des lauriers reçoit les déchets - ordures ménagères, encombrants, déchets non valorisés du tri sélectif et des déchetteries - des sept communes membres du SMIDDEV plus celles du canton de Fayence et celles du canton de Combs sur Artuby. La quantité de déchets est excédentaire aux prévisions faites lors de l'aménagement des casiers et alvéoles. SMIDDEV prévoit la décharge actuelle sera saturée d'ici 2013 et que l'extension s'impose, de même que le renouvellement de la concession des terrains sur lesquels sont implantés les installations fixes de la décharge. C'est pourquoi le SMIDDEV veut engager à l'encontre de Bagnols une procédure de transfert de gestion forcé justifié par l'utilité publique (lien). Il faut souligner aussi que le traitement des déchets représente un enjeu économique important puisqu'aux Lauriers, les déchets sont reçus au prix unitaire de 75€/tonne, soit pour 120-140kt/an, un marché annuel de l'ordre de 10 millions €.

Quelles sont les pistes possibles - considérant les déchets nets cad. après déduction de tout ce qui peut être extrait, trié et recyclé depuis les sources - par composteurs individuels, points de tri volontaires, poubelles spécialisées des villes, déchetteries, et considérant les statistiques de quantité et de caractérisation qui indiquent une composition de l'ordre de 50% de déchets organiques fermentiscibles et de 50% de déchets non fermentiscibles. Il y a deux pistes possibles pour réduire les déchets ultimes au minimum; et ces pistes sont des assemblages comportant des techniques diverses.

  1. Des décharges classiques centres d'enfouissement technique CET devenus centres de stockage des déchets ultimes CSDU où l'on capte les gaz de fermentation avec valorisation pour réduire l'effet de serre et les odeurs. On pense à faire évoluer ces décharges pour les faire fonctionner en bio-réacteurs - ?une solution d'avenir? (lien) car ce serait le moyen de continuer à faire fonctionner les décharges.
  2. Des investissements dans des unités de traitement mécano-biologique - assemblage de procédés de tri, méthanisation, compostage et .... d'incinération.

Décharges classiques CET et CSDU

Le rejet des gaz de fermentation des ordures ménagères qui fermentent dans les décharges et le rejet des lixiviats est interdit en France depuis longtemps, à cause de l'effet de serre du méthane 23 fois plus élevé que le CO2 et de l'impact des lixiviats sur les eaux. SMIDDEV, à la décharge des Lauriers, s'est mis tardivement en conformité de ce point de vue (lien) et des actions en justice sont en cours. Le méthane est capté et l'on produit de l'électricité à partir d'un groupe moteur à gaz et alternateur.

Du centre d’enfouissement au bioréacteur?

Des expériences sont tentées pour accélerer le processus de méthanisation par des techniques de mesure, de contrôle et d'action sur les paramètres suivis... Les promoteurs de cette technique espèrent que le résidu restant en place après la méthanisation, pourrait être considéré comme un déchet ultime (la définition de cette notion est ambigüe). Cette technique est encore en cours de validation. Le principe c'est le confinement, cad. la recherche de l’étanchéité totale aussi bien à l’eau qu’au gaz, de manière à limiter les entrées d’eau pluviale, les sorties de lixiviats, les entrées d’air et les émanations non contrôlées de gaz. Les lixiviats sont recyclés sur les matériaux pour en accélerer la fermentation. Un site d'essai de cette technique se trouve à Montech dans le Tarn; il a été réalisé avec une étanchéification totale avec membrane en polyéthylène haute densité en fond, sur les parois et en couverture, le tout soudé. Les casiers sont exploités intégralement selon le principe du bioréacteur: il s'agit un sac poubelle fermé de 200 000m3. Ce choix permet de collecter la totalité du biogaz produit, sans aucune entrée d’air, permettant une valorisation sous forme de gaz naturel. Mais les essais de cette technique sont peu concluants jusqu'à présent (lien). Et sur ce sujet en savoir plus ici (lien). La principale difficulté semble être le temps de constitution du sac étanche pour que le processus de méthanisation se déroule de manière optimale.

Le traitement mécano-biologique

Il semble plus simple de traiter les déchets pour réduire le volume à enfouir en CDSU. C’est la piste des pré-traitements "mécano biologiques" qui consistent à traiter les déchets par compostage ou méthanisation et en y associant des opérations mécaniques de tri pour extraire les fractions recyclables - verres, métaux ferreux et non ferreux, plastiques, inertes combustibles - et pour réduire leur fermentescibilité. C'est ce qui est envisagé par SIVADES pour Cannes et Grasse avec leur Centre de valorisation organique (CVO). On peut alors enfouir la partie non compostée donc #50% de réduction de volume des déchets. On peut aussi ensuite, isoler dans la partie non fermentiscible, une partie combustible à incinérer, ce qui réduit encore le volume de déchets ultimes à enfouir en CDSU, sachant que l'incinération est l'objet de contestation des populations (L'incinération : syndromes et contradictions). Il est bon de lire la partie du rapport du Sénat consacrée à ces trois sujets:

En conclusion, l'assemblage des diverses techniques disponibles est la solution pour le traitement des déchets. Ces techniques sont explicitées dans les dossiers ADEME, dans la loi Royal et la directive de l'UE. Elles comportent les opérations de compostage à la source, les opérations de tri sélectif et de recyclage, les opérations de pré-traitement mécano biologiques, et d'incinération... pour la réduction des quantités à enfouir en CSDU cad. la décharge de Bagnols en Forêt. La réduction du volume des déchets ultimes est imposée par la loi dans le cadre du code de l'environnement. Le SMIDDEV doit s'y conformer et faire évoluer ses procédés de gestion du site. À noter dans VM du 22 mars cette déclaration du président du SMIDDEV "non à l'incinération".

Mis en ligne le 08/12/2010