Le point sur l'aérodrome de Fayence Tourrettes 21/11/2008

Voici la lettre adressée aux habitants de Fayence et Tourrettes par les maires de ces communes en préparation d'une réunion publique d'information tenue le 20 novembre.

Madame, Mademoiselle, Monsieur,
Tourrettane, Tourrettan,
Fayençoise, Fayençois,

La plate-forme aéronautique de Fayence-Tourrettes traverse une véritable crise d’identité. Le devenir de ce haut lieu mondial du vol à voile est aujourd’hui sujet à vive polémique. Cette situation nécessite une appréciation pragmatique du problème.

HISTORIQUE.

Cet aérodrome est depuis toujours ouvert à la circulation aérienne publique (CAP).

En 1982, sa gestion fut confiée à un tiers exploitant, l’Association Aéronautique Provence Côte d’Azur (AAPCA) au terme d’une convention signée avec le Syndicat Mixte d’Aménagement et d’Exploitation du Vol à Voile (SMAEVV).

Au début des années 2000, une école commerciale privée d’ULM s’installe en faisant fi de toute autorisation et recommandation d’usage du gestionnaire. Puis, une autre vint, puis une troisième, jusqu’à porter leur chiffre à plus de cinq.

Ces écoles travaillent commercialement, sans autorisation, en marge de l’exploitant.

Dans la même période, se sont développés des mouvements d’hélicoptères à destination des deux complexes touristiques que sont le Golf de Terre Blanche et le Domaine de Fayence.

De plus, on constate des exercices de vol d’hélicoptères au dessus de la plate-forme réalisés par des écoles de pilotage.

Tous ces aspects conjugués ont amené une véritable augmentation des nuisances sonores.

Le 31 décembre 2006, l’Etat, faisant suite à la loi de décentralisation 2 dite « décentralisation Raffarin », transfère la propriété de l’aérodrome au syndicat mixte.

Le 5 février 2007, le Syndicat Mixte, en séance plénière, vote une délibération de « demande de déclassement de l’aérodrome à usage restreint ». Cette décision a été prise grâce aux voix du Conseil Général, Tourrettes ayant voté contre et Fayence s’étant abstenu au motif d’un manque de lisibilité sur le sujet.

Il convient de saluer et de reconnaître l’implication constante du Conseil Général dans le fonctionnement du centre de vol à voile, notamment en faveur de l’école départementale qui forme des collégiens à la pratique de cette discipline.

SITUATION ACTUELLE.

Suite aux élections de mars 2008, la composition du syndicat mixte a été modifiée.

Deux réunions du syndicat ont eu lieu depuis, à aucun moment le vote de février 2007 n’a été remis en cause, nous sommes donc toujours dans le cadre de cette demande auprès de la DGAC.

Le terrain souffre aujourd’hui d’un manque de réglementation. Cette zone doit faire l’objet d’un plan de relance soutenu en matière d’investissements.

Un transfert de charges s’est opéré le 31 décembre 2006 et c’est aux collectivités locales à trouver les ressources et les fonds nécessaires.

Un rapide état des lieux fait état d’un réseau viaire désastreux, de hangars qui doivent faire l’objet de sérieuses mises aux normes, d’un réseau pluvial à reprendre dans son ensemble et d’une végétation environnante qui doit être élaguée pour respecter les trouées d’envol imposées par les règles de navigation aérienne.

Sur ce dernier point, une récente visite des membres de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) a conclu à des recommandations très précises : si certains éléments végétatifs n’ont pas été élagués ou coupés tant sur le domaine public que privé dans un délai très bref, la fermeture de l’aérodrome est envisagée temporairement.

QUE VOULONS-NOUS ?

Retrouver la situation aéronautique qui existait avant l’arrivée des écoles commerciales d’ULM.

Garder la plate-forme aéronautique en l’état : ouverte à la CAP mais avec une véritable réglementation traduite par la rédaction d’un protocole d’utilisation fixant le maintien du caractère associatif d’aéroclub pour l’AAPCA, les interdictions d’usage (ex. hélicoptères, écoles et vols commerciaux), les restrictions d’usage (ex : limitation du nombre d’envols au quotidien), les fréquences (ex : respect de créneaux horaires en semaine et le week-end) et les nuisances (ex : limitation des décibels).

Quid des écoles commerciales d’ULM ?

En attendant la mise en place de cette « Charte de la Qualité de l’Environnement de l’Aérodrome », nous avons demandé aux deux écoles privées d’ULM restantes par exploit d’huissier de quitter la plate-forme. A ce jour, elles n’ont pas obtempéré à notre injonction. Une procédure judiciaire par voie de référé auprès d’une juridiction administrative est en cours.

Quid des mouvements d’hélicoptères ?

Nous avons demandé par écrit aux responsables des complexes hôteliers susceptibles d’accueillir des clients en hélicoptère de trouver des solutions en interne par notamment la possibilité de créer une hélisurface sur leur propre territoire. Mais, n’oublions pas que ce type d’appareil peut se poser n’importe où. Il lui suffit d’obtenir l’accord d‘un propriétaire et une autorisation préfectorale pour ce faire.

En conclusion,

Nous ne sommes qu’au début d’une reprise en main de cette plate-forme.

Tous les élus, des mairies et du Conseil Général, sont pertinemment conscients de l’enjeu lié au devenir de ce terrain. Des perspectives d’avenir, tant sur le plan qu’économique ou touristique sont possibles tout en conservant la qualité de notre environnement.

Le nouveau président de l’AAPCA a engagé à marche forcée une feuille de route très détaillée visant à recadrer toute l’utilisation du centre, à quelque niveau que ce soit.

Les élus de Fayence et de Tourrettes ont entamé un chantier indispensable.

Le maire de Fayence, président du Syndicat Mixte par intérim, n’a de cesse de s’impliquer pleinement dans ce dossier avec pragmatisme et lucidité. Il a rencontré tous les acteurs déclarés ou particuliers qui sont directement concernés par ce dossier. Il s’inscrit dans un cadre de concertation la plus transparente possible.

Il a rencontré les responsables de la DGAC à Aix-En-Provence et à Nice pour écouter les « dires de l’Etat », seule administration souveraine en matière d’infrastructures et de navigation aérienne. Aucune hypothèse n’a été écartée.

Mais, dans cette affaire, il semble évident que l’agitation pré-électorale ait été encore une fois néfaste à une réflexion de fond. Comme en 1974 et en 1980, l’avenir de cet espace aéronautique est en jeu.

A l’heure où il est politiquement correct de parler de « développement durable », il est primordial de choisir un cadre juridique à cet aérodrome qui assure à la fois la pérennité de cet ensemble dans le temps et la qualité de vie de notre beau « Pays de Fayence ».

De nouvelles ressources doivent être envisagées afin de sauvegarder l’emploi sur le site (aujourd’hui 10 salariés) et assurer son plan de rénovation.

Il faut mettre en place des taxes aéroportuaires pour tout type d’aéronef autorisé, de redevances de stationnement, de relance du projet du « musée du planeur et de l’aérologie » et de l’éventualité de constituer un pôle de compétitivité qui accueillerait un bureau d’étude en charge du développement de « l’aviation verte ». Ce concept relève de l’après-pétrole au sein de l’aviation légère civile.

Mais, tout ceci, réclame du temps, du calme et de la sérénité et surtout la confiance en des élus qui ne souhaitent que servir fidèlement leurs concitoyens.

Camille Bouge, Jean-Luc Fabre, Guillaume Forest, Jacques Nain.


Réunion publique du 20 novembre 2008 :

Jean-Luc Fabre, le Maire de Fayence, a donné lecture du document ci-dessus, base de la discussion avec les 80 personnes présentes. Il s'agissait précisément de l'ensemble des administrés des communes de Fayence et de Tourrettes ayant alerté les élus sur les nuisances aériennes à la suite du tract de l'AUCBA. A ce titre, ils étaient invités à participer à cette soirée d'information.

Camille Bouge, le Maire de Tourrettes, a expliqué qu'il n'y avait aucune incompatibilité entre sa position actuelle et sa participation à la manifestation organisée en son temps par l'AUCBA contre les nuisances aériennes. Comme le maire de Fayence, il a soutenu l'idée d'une Charte de l'environnement pour la plate-forme et a précisé sa position par rapport au projet PEGASSE lié à la recherche sur l'aviation verte.

En réponse à la salle, Jacques Nain, adjoint au maire de Fayence, a expliqué que le référé engagé contre les écoles d'ULM était une procédure identique à celle appliquée aux gens du voyage. Il a précisé que la Charte de l'environnement permettrait une réglementation administrative par décision d'un arrêté préfectoral.

La Présidente de l'AUCBA et ses adhérents ont fermement défendu leur position pour l'usage restreint en indiquant que la Charte de l'environnement était un leurre non applicable. Ils ont expliqué que pour certains aérodromes, la charte avait été supprimée au profit d'un décret.

François Cavallier, Conseiller Général, a mentionné son scepticisme vis-à-vis de l'application des mesures sollicitées par ses collègues de Tourrettes et Fayence restant convaincu du bien-fondé de l'usage restreint mais, compte tenu des circonstances et notamment devant l'énergie déployée par les représentants des communes auprès du Syndicat Mixte, il a laissé entendre qu'il céderait la présidence du Syndicat afin que les élus des communes de Tourretes et Fayence puissent poursuivre leurs différentes démarches. "Sans parler de chantage aux subventions", le conseiller général a tout de même indiqué qu'il resterait vigilant sur le devenir du dossier et notamment sur les aides à apporter à l'AAPCA par le Département.

En réponse à la salle, Jean-Luc Fabre, le Maire de Fayence, a précisé les enjeux du site. L'état catastrophique des hangars, des réseaux viaires... Des dépenses d'investissement doivent être engagées mais il considère que ce financement ne doit pas être à la seule charge des administrés de Tourrettes et de Fayence. Dès lors des recettes comme par exemple des taxes aéroportuaires et de stationnement sur le site doivent être envisagées mais sans qu'il y ait augmentation du trafic et même amélioration des pistes. Celles-ci doivent rester caillouteuses, se limiter aux 800 mètres actuels afin d'éviter l'arrivée de jets privés.

Claude Allongue, ancien Président de l'AAPCA, a fait un bref historique de l'activité. Il a expliqué la position de l'association tant vis-à-vis de combats menés contre l'armée, camp militaire de Canjuers, que de ceux contre EDF, réseau de haute tension. Selon lui, la défense de notre environnement passe par la défense de la plate-forme et de ses activités qui faut savoir maîtriser mais sans l'idée de restriction.

Le Président de l'AAPCA a expliqué l'intérêt et l'enjeu du vol à voile pour le pays de Fayence. Au plan économique, ce sont 400 européens du Nord qui viennent longuement séjourner dans notre canton. L'association emploie 10 personnes demeurant en Pays de Fayence. Le budget de l'AAPCA est de l'ordre de 800 000 € pour une subvention du Conseil Général de 25 000 €, subvention qui ne cesse de diminuer au fil des ans. Au plan sportif, l'école de vol à voile est entièrement financée par les adhésions des membres de cette association. Le président de l'AAPCA a mis l'accent sur les aspects sécuritaires du site qui aujourd'hui méritent une nouvelle vision, celle défendue par les élus des communes de Tourrettes et de Fayence avec lesquels l'association est en phase.

La conclusion est revenue à Camille Bouge. Il s'est félicité de la teneur des débats. ll a considéré que cette réunion était une avancée entre les élus et les membres de l'AUCBA.

Dans le même temps, au fond de la salle, une question est restée sans réponse "Pourquoi ne supprimez-vous pas le vol à voile et les remorqueurs dont le bruit est insupportable ?" Cette intervention est malheureusement la preuve que certains participants sont restés dans leur sphère !

Néanmoins, le débat a été passionné et passionnant. Bon nombre d'intervenant se sont satisfaits de la démarche, de cette réunion publique, de cette démocratie participative. Cette réunion publique autour de la plate-forme Fayence/Tourrettes a démontré la convergence de vision entre les élus de Tourrettes et de Fayence et les membres de l'AUCBA dans l'objectif de faire cesser les nuisances aériennes. Pour autant, c'est dans la différence des moyens pour atteindre ce but que la situation est restée figée. Pourtant, après la réunion, ils étaient nombreux à regretter la dispersion, voire une telle opposition de méthode. Nombreux sont ceux qui souhaitent un rassemblement des énergies : le Pays de Fayence a tout à y gagner !


Mis en ligne le 21/11/2008 par Pierre Ratcliffe. Contact: (pratclif@free.fr) sites web http://paysdefayence.blogspot.com et http://pratclif.com