Depuis le 7 novembre dernier un nouveau débat public concerne le département des Alpes-Maritimes. Après le débat sur la Ligne à Grande Vitesse, pour lequel nous attendons la décision gouvernementale annoncée pour le 8 décembre prochain ; il s’agit maintenant de s’interroger sur la pertinence de doter le département d’une « armature routière majeure supplémentaire »...
De quoi s’agit-il exactement ? L’A8 dans son contournement de Nice serait en cours de saturation (air connu) ; il serait plus honnête de dire que, dans la mesure où ce contournement est émaillé de nombreux tunnels, un accident grave dans l’un d’eux, qui le rendrait impropre à la circulation pour quelques semaines, poserait de gros problèmes de réponse à la demande déplacement.
La Direction Départementale de l’Equipement, maîtresse d’ouvrage déléguée de ce projet exploite le discours de la saturation annoncée pour affirmer que la thrombose menace non seulement le contournement de Nice mais aussi la traversée de la quasi totalité du département d’Antibes jusqu’à l’Est de Nice ; notre DDE en conclut que le contournement de Nice doit se prolonger au moins jusqu’à Antibes (futur échangeur de Biot) ; et puis, tant qu’on est à Antibes, on pourrait faire un petit crochet PAR Sophia Antipolis et se raccorder à l’A8 à Cannes (futur échangeur des Bréguières).
Une première variante consisterait à se limiter au contournement de Nice par l’aménagement de l’A8, c’est la solution avancée par les associations.
Une seconde variante consiste à pousser le bouchon du contournement jusqu’à Antibes-Biot, cela ressemble à l’alternative proposée par les associations ; à cela près que cette version a la particularité de traiter le contournement de Nice par un tunnel qui irait de Nice Est à Saint-Isidore, c’est nouveau et pose des questions sur lesquelles il faudra revenir.
Une seconde variante consiste à aller jusqu’à Cannes-Bréguières en passant par Sophia, cette version traite aussi le contournement de Nice par un tunnel.
En fait nous sommes dans une spirale sans fin : la progression démographique de notre département a engendré une urbanisation extensive et mal maîtrisée ; la spéculation foncière et les prix des logements (à la vente comme à la location) ont rendu les zones proches des emplois hors de portée des actifs, rejetés de plus en plus loin de leur lieu de travail. La réponse à ce défi de l’éloignement domicile - travail et à l’éparpillement des logements, a été seulement routière à ce jour et axée sur le déplacement individuel. Or rajouter de la route à la route favorise à nouveau l’accroissement de la distance domicile - travail, la dispersion des logements, la consommation excessive des territoires et une demande accrue de déplacement...
On ne pourra sortir de ce cercle vicieux et rentrer dans un cercle vertueux qu’en favorisant le transport collectif, en restreignant l’offre routière et en restructurant l’urbanisation.
Il faut casser la logique de ce qui nous est présenté et démontrer comment les trois solutions présentées peuvent se mixer pour aboutir à une solution globale alternative qui tienne compte de l’impact des projets de transport collectif programmés pour répondre aux besoins résiduels non traités par ces projets.
Aux trois solutions proposées par la DDE, il faut opposer une quatrième solution qui préconise des réservations d’emprises pour :
Le tout aurait l’avantage de pouvoir être réalisé par phases, au fur et à mesure des évaluations successives des projets de transport collectif mis en service, au cas où le transport collectif s’avèrerait insuffisant pour répondre aux demandes de déplacement.
Il faut une étude complémentaire pour cette quatrième proposition.
On toujours parler de la saturation de l’autoroute annoncée par la DDE ; mais en fait nous sommes déjà confrontés à une réelle saturation : celle de l’air que nous respirons ; l’été dernier, les pics de pollution se sont succédés alors que l’on roulait fort bien sur l’autoroute. Ça c’est grave et c’est constaté.
La pollution annuelle directe engendrée par une autoroute, sur une portion de 1 Kilomètre, par un trafic de 35.000 véhicules / jour est de :
Quand donc les coûts induits d’une autoroute, notamment en matière de santé, seront-ils pris en compte dans l’évaluation des impacts des projets routiers ?
En attendant, il faut au moins intervenir dans les réunions des débats publics pour soutenir les interventions des associatifs et des élus qui dénoncent l’attitude de la DDE qui voudrait un débat sans débatteur pour imposer enfin un projet que la population de ce département rejette depuis maintenant près de vingt ans.
Calendrier des réunions du débat public:
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