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Callian : ferme photovoltaïque Eneryo le chantier est ouvert
le projet est en cours de réalisation
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Les évènements qui se déroulent au Japon et en Libye semblent mettre au deuxième plan nos préoccupations locales - MacDo, le PLU de Callian, la péri-urbanisation qui caractérise notre canton, etc. Mais en réalité, tout est lié. Les évènements dramatiques du Japon et de Libye s'ajoutent à ceux de Tunisie et d'Egypte, du Yemen et de Bahrain, et de Côte d'Ivoire. Ils font suite aussi à la crise financière et économique la plus grave depuis celle de 1929, une crise qui a affecté les pays développés plus que les pays émergents; une crise qui met l'Europe à l'épreuve - crise de la dette, déficits publics - et l'oblige à adapter ses structures économiques.
Au Japon, le séisme de magnitude 8.9 du 11 mars 2011 suivi d'un tsunami avec vague de 9m, a dévasté le Nord-Est du pays et provoqué la panne de refroidissement des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima suivi de la fusion du coeur de certains réacteurs, des émissions radioactives dans l'atmosphère, très dangereuses pour la santé humaine et la biosphère autour de la centrale. Cette panne a évolué vers un incident nucléaire que le Japon a admis être de niveau 5 - notre IRSN parle même de niveau 6 (lien).- donc un accident d'une gravité équivalente à "Three Mile Island" de Harrisburg en 1979, et de Chernobyl en 1986. Le 18 mars 2011, les autorités japonaises déclaraient envisager d'enfermer la centrale sous une dalle de béton. Mais les informations sur la situation sont incomplètes, contradictoires... Les techniciens japonais qui travaillent sur place sont soumis à des niveaux de radiations très dangereux pour leur santé voire mortels; ce sont de véritables sacrifiés. Et les autorités consacrent sans doute davantage de temps à traiter les problèmes techniques qu'à communiquer.
En France, cette incident gravissime relance le débat sur la dangerosité du nucléaire civil et sur le quasi "tout" nucléaire, comme moyen de production de l'électricité. Nous avons en France 19 centrales nucléaires réparties sur le territoire et 58 réacteurs. La filière nucléaire produit 75-80% de l'électricité selon les années. Et la plus ancienne de nos centrales est Fessenheim construite de 1972 à 1977 (lien)., justement sur une zone d'intense activité sismique.
La filière nucléaire française est le résultat d'un choix fait dans les années 1960 sous les présidents de Gaulle et Pompidou. La mission de développer et de construire la filière fut confiée au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) qui avait en charge le programme militaire pour avoir l'arme de dissuasion atomique - CEA devenu Cogema et maintenant Areva. L'équipement nucléaire civil s'est poursuivi depuis les 1970 jusqu'aux années 1990, au moment où la demande d'énergie électrique doublait tous les 10 ans pour satisfaire les besoins de notre industrie en pleine croissance. Ce développement s'est accompagné de la disparition progressive des Charbonnages de France, des centrales thermiques au charbon, puis au pétrole. Une partie des centrales nucléaires françaises est âgée. La modernisation repose sur les réacteurs dits de nouvelle génération EPR comme celle de Flamenville (lien)..
Le réseau "sortir du nucléaire", le parti Écologie et les Verts, Greenpeace, l'association Négawatt et d'autres encore... remettent en question le choix français du "tout nucléaire" pour la production d'électricité. Compte tenu de sa dangerosité - "Three mile Island" en 1979 "Chernobyl" en 1986, "Fukushima" en 2011, plus les multiples incidents considérés comme mineurs, est-ce possible d'imaginer une sortie du nucléaire au stade où nous en sommes en 2011? Les défenseurs du nucléaire en France avancent les arguments de l'indépendance énergétique, l'absence de rejets de CO2 et l'impact sur le réchauffement climatique, et l'importance de la filière en termes d'emplois et de possibilités d'exportation.
Voir le mix énergétique de la France (source AIE). C'est sur ce mix qu'il faut agir. Réduire la consommation d'énergie, accroître l'efficacité des équipements qui fonctionnent par l'électricité, et augmenter la part des énergies renouvelables - hydraulique, éolien, solaire thermique, solaire photovoltaïque, biomasse et méthanisation, marées et houle dans le domaine maritime. C'est dans cette perspective que s'inscrit le projet de ferme photovoltaïque d'Eneryo.
La production d'électricité par voie thermique en France (le nucléaire comme le charbon) a un rendement de seulement #35-37%; 63-65% de l'énergie est perdue sous forme de chaleur (les grandes tours de refroidissement). Notre système de production d'énergie électrique repose sur une conception de l'après 2è guerre mondiale et des 30 glorieuses 1945-1975. Des grandes centrales nucléaires de 600-1000MW alimentant ménages et entreprises; elles sont interconnectées entre elles et reliées au réseau international intra européen, de distribution d'électricité. L'évolution vers la grande taille des centrales était poussée par la recherche de facteurs d'économies d'échelle. Dans les pays de l'est, les centrales sont au coeur des villes et la chaleur est utilisée pour le chauffage et les besoins industriels. Sur ce plan, il existe un gisement d'économies d'énergie considérable.
Agir par la réduction des consommations inutiles et les économies d'énergie, l'efficacité énergétique, et l'augmentation de la part des énergies renouvelables, se traduira par une baisse de la part du nucléaire dans le mix énergétique de la France (lien).. La comparaison avec l'Allemagne qui a décidé la sortie du nucléaire n'est pas pertinente car l'Allemagne produit son courant électrique de base à partir du charbon encore exploité, du pétrole et du gaz (voir son mix d'énergie primaire).
Il faut aussi que les "futuristes" et la R&D agissent pour tenter de développer des techniques nouvelles susceptibles peut-être un jour de contribuer à l'évolution du mix énergétique. Il en est ainsi du charbon dit "propre" cad. avec le captage et le stockage du CO2 produit. Il en est ainsi des micro voire des pico centrales hydrauliques sur petits cours d'eau ou conduite d'eau potable (lien).. C'est aussi le cas de mini centrales nucléaires enterrés - une proposition futuriste de Kurzweil sur un projet Toshiba (lien)..
Il faut enfin situer l'importance du nucléaire dans le mix énergétique cad. le choix du "tout" nucléaire pour notre électricité. L'électricité représente 20% de l'énergie finale que nous consommons. 70% c'est du pétrole et du gaz, principalement pour les transports. Les 10% restants sont du charbon, de la chaleur, du solaire thermique. Sur ces 20% d'électricité, 80% sont produits par la filière nucléaire soit 16% de la consommation finale d'énergie; mais la matière première nécessaire, l'uranium, est totalement importée - aujourd'hui principalement du Niger et du Canada. Il y eut une production française au sud de l'Auvergne jusqu'à la fin des années 1990 à Lodève et à Bessine. L'énergie primaire - uranium - auquel correspond 16% de notre énergie finale consommée, représente 42.3% de l'énergie primaire totale utilisée en 2008 - le rapport de 16% à 42.3% est le rendement thermique de la conversion. Voir mix énergie primaire 2008. Ce mix sur le site de l'AIE est ici de minière complète pour la France (lien). Par comparaison voici les mêmes données pour l'Allemagne (lien).
NB: l'énergie primaire c'est la somme de toutes les formes énergies utilisées - charbon, pétrole brut, pétrole raffiné, gaz naturel, uranium, hydraulique, géothermique et solaire, valorisation énergétique des déchets et biomasse, électricité importée.. pour fournir aux consommateurs les énergies sous une forme utilisable, ce qui nécessite des équipements de transformation.
L'énergie finale ce sont toutes les formes d'énergie consommées: charbon, pétrole, gaz, électricité, chaleur.
Quand l'association NegaWatt prône ses trois piliers, "sobriété, efficacité, renouvelables", cela implique qu'il faut agir sur deux plans du mix énergétique: la consommation finale, notamment d'électricité, et la production primaire notamment les renouvelables y compris l'hydraulique. Mais il faut comprendre l'impact qu'aura la transformation de ce mix sur l'économie et principalement l'emploi. Car tous les secteurs de l'économie utilisent l'énergie finale ce qui détermine l'emploi. La transformation de l'énergie et son impact sur l'économie et l'emploi sont étudiés par l'association NegaWatt. Ses conclusions sont qu'à 80$/baril, la transformation créerait 700000 emplois nets (créations moins disparitions)! de quoi justifier la pertinence des propositions de NégaWatt! Mais on peut être sceptique vu les consommations de l'industrie en électricité. L'industrie utilise 33% de l'énergie électrique produite... L'Allemagne grande exportatrice 46% cf. les mix énergétiques déjà cités en liens. Cela laisse penser que la sortie du nucléaire sera plutôt une baisse de sa part dans le mix énergétique étalé sur une ou plusieurs décennies.
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