Observations sur l’élaboration en cours du PLU,

Le registre d’observation semble peu utilisé alors même qu’ouvert à tous il est un facteur de
transparence ; est-ce sa forme désuète ou d’autres raisons ; l’ouverture de son équivalent sur le net
devrait éclaircir ce point.
Me référant au C.R. des délibérations du 31/07/08 du Conseil Municipal je reprendrai les
objectifs affichés et me permettrai donc quelques observations :
« 1 .Protection du paysage et de l’attractivité de la commune
en évitant le mitage par la maîtrise de la diffusion de l’habitat ». L’expression mitage porte
une connotation péjorative vis-à-vis de l’habitat dispersé par opposition à la Nature. Le paysage
traditionnel des zones « d’adrechs » comportait encore, il a y une cinquantaine d’années, plus de
parcelles cultivées, de terrasses et de murets, parsemées (donc mitées !) d’abris et d’habitats plus
ou moins permanents. « Les espaces naturels à protéger » sont souvent, surtout dans ces zones
d’adrechs de la commune, d’anciennes zones de culture et de vergers d’oliviers ; en exclure
systématiquement l’habitat humain n’améliorera certainement pas l’entretien des paysages.
« 2 .Stabilisation de la population de la commune
en limitant le nombre des zones nouvellement ouvertes à l’urbanisation ». La formulation
reste vague (combien de résidents dans une nouvelle zone ?) et on voit mal comment la création de
nouvelles zones stabiliserait la population ! En période de sécheresse comme nous en avons connues
les ressources en eau ont montré leurs limites et c’est sur ces périodes qu’il faut se baser s‘il n’y a pas
de ressources nouvelles. On peut certes imaginer que les derniers agriculteurs abandonneront la
partie, libérant des droits d’eau pour l’immobilier (dans la continuité d’une politique qui déliait l’eau
de la terre pour la lier à la fonction) mais à terme que deviendra le paysage !
« 3. Promotion des formes d’habitat plus économes en espace et en ressources
…en incitant …un minimum de continuité architectural avec l’existant immédiat en covisibilité
» ; Ce souci est évident dans les aménagements et rénovations réalisées antérieurement par
la municipalité…moins dans les réalisations qu’elle a autorisées surtout dans le domaine du bâtiment
commercial. On ne peut qu’approuver un tel objectif, cohérent avec l’intitulé du paragraphe 1.
Notons pour mémoire que la forme la plus économique en espace est l’habitat en hauteur dont le
village ancien est l’expression…aux temps où l’insécurité ne permettait plus un habitat dispersé…
« 4.Optimisation du développement économique
…Par la prise en compte de secteurs susceptibles de recevoir de nouveaux équipements
publics ». Il faut souligner l’optimisme encore inhérent à l’époque de cette délibération de disposer
des crédits publics adéquats. Si cet objectif d’équipements est lié « aux zones ouvertes à
l’urbanisation » le résultat d’augmentation importante de la population est aisément prévisible…. Si
l’objectif est d’apporter à des résidents des services dont ils ne disposent pas encore ou mal (eau
potable par exemple) la cohérence est respectée et l’effort financier communal certainement mieux
accepté.
Comme le Conseil lui-même l’avait évoqué « ces objectifs pourront être complétés ou
amendés » car les limites et les obstacles sont depuis plus nettement apparus à tous. En effet le
texte adopté par le conseil municipal il y a près d’un an a été rédigé à un moment où dominait
encore une certaine vision économique du développement immobilier, souvent basée sur
l’augmentation rapide des prix qui a favorisé des projets de lotissements et d’urbanisation plus ou
moins ambitieux. Les principes déjà énoncés dans le document approuvé par le Conseil municipal
ont déjà, semble-il, pour conséquences l’abandon de la densification de l’habitat sur de vastes zones
(telles la zone NA du POS au nord de la commune) ; celles-ci nécessiteraient en effet, pour la
construction des infrastructures, des investissements que seule une forte densification de l’habitat,
donc de la population de la commune, rentabiliserait.
Il me semble que la municipalité devrait afficher plus clairement sa politique d’augmentation
raisonnée de la population et, peut être faudrait-il :
- Marquer plus nettement la subordination de l’augmentation de la constructibilité à
l’augmentation des ressources en eau (notamment en saison sèche) et des possibilités de stockage.
On devrait se garder de considérer comme disponible les droits d’eau d’éventuelles cessations
d’activité agricole mais les conserver et faciliter la reprise des exploitations.
-Abandonner le concept de larges zones à urbaniser ou à lotir impliquant des aménagements
importants et optimiser l’aménagement raisonné des zones où existent déjà à proximité les réseaux
d’eau, d’électricité, de téléphone et le ramassage des ordures ; quand à prendre en compte la
collecte des eaux usées comme critère de constructibilité autant dire tout de suite que la commune
au nord du village sera gelée pour des décennies.
-Ne pas établir une césure entre zone protégée inconstructible et zones constructibles. Une
gradation dans les surfaces nécessaires pour construire, une bonne utilisation du Coefficient
d’Occupation des Sols, une charte des clôtures devrait permettre d’éviter le cloisonnement et donc le
maintien du paysage ; on éviterait la croissance de la surface des zones abandonnées et non
entretenues et donc des risques d’incendie. On peut craindre aussi que le maintien absolu
d’interdiction de construire en zone protégée ne conduise à l’installation plus ou moins sauvage de
maisonnettes ‘’ mobiles’’ dont la prolifération dans certaines communes ne semble pas être
contrôlée ou contrôlable !
- Faire respecter les limitations de tonnage existants sur les chemins de la commune afin
d’éviter la course au gigantisme des camions dont l’argument d’abaissement des coûts ne prend pas
en compte les dégradations de voies de communication et d’ouvrages inadaptés à ce genre de
transport et donc du bien public ; en corollaire le recours plus important à un artisanat sédentaire
aux moyens plus modestes rejoint le souci de «zones commerciales durables ».
-L’application des principes bute ensuite sur les intérêts privés qui fera toujours des
insatisfaits ; mais une telle politique modeste qui permette d’éviter que des appétits démesurés
puisse s’exprimer favoriserait le consensus donc l’établissement du PLU.
Je connais l’argument que les textes ne permettent pas tel ou tel aspect de cette politique ; il
est trop souvent invoqué un peu abusivement. De plus les concepts évoluent rapidement comme on
l’observe dans les déclaration s officielles, et les textes évoluent et vont évoluer rapidement : par
exemple pour favoriser encore plus la production solaire individuelle (exigeante en espace) et la
livraison au réseau ce qui impliquerait donc un retour de faveur du concept d’habitat individuel…

Callian le 13 avril 2010