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Commentaires sur le «
D
iagnostic du PLU de Callian
»
Le texte des orientations pour le PLU, approuvé par le conseil municipal lors de sa délibération du 31
juillet 2008, a été rédigé à un moment où dominait encore une certaine vision économique du
développement immobilier
; j’avais émis en juillet 2009, sur
le registre des observations ouvert à la Mairie, le
souhait que la municipalité précise les orientations esquissées de développement raisonné, la crise
changeant les perspectives…
Le Diagnostic présente un descriptif détaillé et intéressant des nomb
reux aspects de l’identité de la
commune et notamment de son évolution démographique et immobilière. Sur ce sujet l’observation la plus
récurrente et la critique la plus constante concerne l’augmentation de l’habitat individuel dispersé qualifié
de
«
mita
ge
»
pour mettre en relief les conséquences jugées dévastatrices sur les paysages. Sans pour
autant nier les méfaits de cette évolution, il faut garder en mémoire que Callian doit à cette forme d’habitat
de ne pas être mort et les restes de sa campagne
de ne pas être retournés à la broussaille
; la commune est
passée de 950 habitants à la fin des années 1960 (on parlait de fermer l’école
!), à 2971 habitants en 2006,
la plupart résidant en habitat dispersé!
Le Diagnostic explique que la solution est
la concentration de l’habitat, concept très en vogue chez
certains écologistes (pour défendre la Nature en abandonnant le paysage façonné par l’homme), chez les
économistes soucieux de rentabiliser les équipements des Services publics ou privés, chez le
s investisseurs
immobiliers (pouvant ainsi réaliser de gros projets sur de faibles surfaces), chez les rare possesseurs de
terrains constructibles (conscients de la plus value attendue) et dans beaucoup de municipalités conscientes
du pouvoir que leur conf
éraient leur rôle dans l’établissement et la modification des Plans d’Organisation
des Sols
. Dans le monde rural proche des métropoles, cette vision a eu plusieurs conséquences
:
raréfaction des terrains constructibles et hausse vertigineuse de leur c
oût, contribution à l’abandon de
terrain n’ayant plus de valeur agricole ou résidentielle , clientélisme vis
-
à
-
vis des municipalités et collusion
parfois trop étroite avec de gros intérêts privés, notamment pour la requalification de terrains
inconstructi
bles.
Le Diagnostic recommande une norme de 20 logements à l’hectare (un logement par 500 m2). Le
scénario
de production maîtrisée de logement maîtrisé souhaité par l’équipe communale proposerait un
accroissement de la population de 1,2% par an soit 54
1 habitants d’ici 2020, et donc la construction d’un
nombre estimé de 290 logements. Dans le cadre de la norme proposée «
14,6ha de terrain sont
nécessaires
»
et, commentaire personnel,
‘’
on
v
a
ainsi
créer
une banlieue à la campagne
’’
.
Il est
surprenant
que le Diagnostic ne recommande pas, en toute logique, le déclassement de la plus grande partie
des 166ha de disponibilités foncières du POS de la commune
!
Le Diagnostic ne débouche donc pas sur des propositions novatrices d’aménagement
; au contraire,
il est à craindre son scénario favorise encore plus que par le passé, les gros projets immobiliers disposant des
plus gros moyens en tous genres.
Si le scénario de constructions de 290 logements sur 10 ans avec une
densité de 20 logements /ha était adopt
é, il privilégierait forcément des projets de
«
résidences collectives
»
donc de promoteurs immobiliers au détriment de projets particuliers. Cette régulation déboucherait sur la
confiscation de l’initiative de construction individuelle de logements.
Ce
diagnostic se montre donc extrêmement dangereux
; le souci de préservation de la nature et
des paysages affiché débouche sur une solution très dogmatique de concentration de l’habitat qui trouvera
des échos dans les milieux déjà décrits plus haut dans ce d
ocument.
Les conséquences en sont aisément prévisibles
: Quelques ‘’chanceux ‘’toucheront le gros lot de la
spéculation foncière et en comparaison le reste des terrains, terres agricoles et vergers traditionnels encore
entretenus paraîtra sans valeur
et sans rapport; ils continueront à passer à la friche broussailleuse ou à la
forêt dégradée sale et
sero
nt la proie de
promoteurs
ou financiers qui se constitueront à bon compte des
réserves foncières et
qui trouveront bien le moyen
,
par le biais de
l’
argument de
l’utilité publique
souvent
abusivement utilisé
d’en faire changer le statut
.
La dégradation des paysages se poursuivra
(
et ce ne sera
pas le
«
mitage
»qui en sera la cause) avec ses conséquences sur l’attrait touristique et résidentiel
!
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2
Il faut
, sans retomber dans les excès du développement d’habitat dispersé,
placer ou replacer des
hommes dans les paysages traditionnels en état ou à restaurer,
pour en assurer l’entretien puisque
l’activité agricole ne le fait plus
depuis longtemp
s déjà
.
En reprenant les chiffres avancés pour le scénario préféré par la mairie (d’après le diagnostic) pour le
développement de la population,
il apparaîtrait raisonnable de proposer de répartir ces 290 logements en
plusieurs catégories pour satisfaire des besoins et des rôles différents
:
1. Une centaine de logements à la densité recommandée (20 logements/ha) s’adressant à des
ménages jeunes
et ou à pouvoir d’achat ou de location limité bâtis en petits immeubles bas d’un étage avec
un souci de discrétion et d’intégration au paysage et en évitant les gros projets immobiliers.
2. Une centaine de logements en habitat individuels sur des terra
ins de 3000m² en privilégiant les
zones déjà desservies par la voirie communale et susceptibles d’être alimentées aisément en eau et
électricité.
3. Le reste des logements (90) pourrait être construit sur des terrains d’une superficie minimum
d’
un hectare (10.000m²).
Pour les logements de type 2 et surtout 3 il sera indispensable d’établir une charte des clôtures
(comme la municipalité a établi une charte des façades)
pour éviter ces murailles végétales voire en
plastique de 2 mètres de haut
qui gâchent le paysage traditionnel en bouchant toute perspective.
Pour les logements bâtis sur des terrains de superficie supérieure à un hectare le permis de
construire ne serait accordée qu’avec une obligation d’entretien du terrain jusqu’à 100m auto
ur de la
maison.
Il faudrait limiter le développement linéaire le long des routes départementales
La constructibilité serait attribuée en tenant compte de la proximité des réseaux existants, en évitant
leur surcharge et les grands travaux d’aménagement g
énérateurs de la destruction des paysages . Cela
exclut l’urbanisation de vastes zones NA en habitat concentré ou en lotissement de logements individuels.
Le développement probable du Solaire, exigeant en espace, très compatible avec l’habitat individuel
,
constitue une donnée nouvelle importante sur le plan architectural et urbanistique.
Le développement durable et les économies d'énergies inéluctables impliquent de donner toutes leurs
places aux petites entreprises
et artisans
de proximité dans l'agricu
lture, la construction et l'entretien
environnemental plutôt qu'aux gros projets de construction essentiellement menés par de grosses entreprises
volatiles.
Ces propositions n’ont pas la prétention d’être exhaustives mais d’évoquer d’autres pistes
d’am
énagements diversifiés et de régulations pour les dix prochaines années.
Ces commentaires ont porté surtout sur l’habitat
;
Il y a certes bien d’autres causes de
bouleversements du cadre de vie
:
La réduction d
e la Surface Agricole Utilisée de 972 ha à 636 ha de 1988 à 2000 est symptomatique
;
il ne faut pas pourtant considérer comme acquis que cette activité va disparaître même si son maintien
passe par des formes nouvelles
; l’évolution inéluctable du coût de
l’énergie remettra en cause les circuits et
habitudes actuelles
;
On peut aussi s’étonner qu’on n’impose pas aux structures commerciales dites grandes surfaces
d’économiser l’espace
; ce laxisme leur permet de construire des hangars disgrac
ieux bien moins onéreux
que des bâtiments en durs, même de hauteur modérée. La suppression de la taxe professionnelle mettra
-
t
-
elle fin à la concurrence entre les communes du canton pour couvrir (et dénaturer) la plaine de centres
commerciaux probablement
déjà surabondants
Ces causes et d’autres ont certes une grande importance mais c’est la façon dont on répartit
l’habitat d
es hommes dans l’espace qui est le premier facteur structurant de leur cadre et de leur mod
e de
vie
; c’est le sujet principal de ces commentaires.
J.Récy Callian le 14/04/2010