Lutter contre l’étalement urbain répond à la préoccupation environnementale de la consommation du foncier. L’étalement et le mitage à la périphérie de villes s'accompagne de l’artificialisation des sols, éloigne les populations de leurs lieux d'emploi et de l'accès aux services publiques ainsi que des espaces de chalandise. Conscients de ces enjeux, la loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (loi Alur) renforce le principe d’une "utilisation économe des espaces".
L’étalement urbain et la consommation d’espaces fonciers résultent de plusieurs facteurs qui se cumulent. L’insuffisance et l’inadaptation de l’offre de logements par rapport à la demande dans les métropoles ou villes moyennes, et une propension des entreprises de la construction à opter pour la périurbanisation, au détriment de l’intensification et du renouvellement des cœurs d’agglomération ou des centres bourgs; pour des raisons de facilités de mise en oeuvre des chantiers et financières; et du souhait des ménages de disposer de grands espaces. Mais cette périurbanisation a pour conséquences l'allongement des déplacements par l'usage des véhicules individuels, une hausse des émissions de gaz à effet de serre, une diminution et un mitage des espaces naturels et agricoles et l’irréversibilité quasi systématique de l’imperméabilisation des sols par les voiries et l'aménagement de tous ces espaces privés.
Chez nous, en pays de Fayence, ce sont les raisons de terrains disponibles, propriétés privées de locaux dits de souche, les facilités de construction et financières et le souhait des ménages, principalement venus de l'extérieur, de disposer de grands espaces qui ont joué, avec la volonté complice des maires intéressés par ces développements dans l'air du temps. Le phénomène concerne principalement les communes "noyau" de la plaine de Fayence: Montauroux, Callian, Tourrettes et Fayence, avec une mention spéciale pour Montauroux.
Lutter contre l’étalement urbain, c’est un objectif fixé depuis une vingtaine d’années par les politiques d’aménagement du territoire. Mais après les nombreux dispositifs proposés pour favoriser la densification des espaces urbanisés, quel bilan peut-on tirer de cette prise de conscience? Les dispositifs mis en place ont-ils été efficaces ? Cela a-t-il transformé la manière de construire et de vivre en ville? Notre Communauté de Communes y viendrait donc enfin? et comment faire?
Cela fait plusieurs années que les directives pour l’aménagement du territoire tentent de lutter contre l’étalement urbain, phénomène qui est le nôtre en pays de Fayence depuis 40 ans. C'est un mode d’aménagement qui découle du désir des français de posséder une maison individuelle avec jardin; mais qui entraîne aussi le développement de surfaces commerciales et d'activités industrielles, situées dans la plaine de Fayence, qui grignotent peu à peu les paysages ruraux et agricoles. Le résultat c'est l’émergence d’une "plaine moche", principalement de la Colle Noire aux Mercuriales, implantés en chapelet sur la RD562, ce qui est dénoncé dans ce blog depuis des années. Notre "horrible" plaine et ses appendices plus affreux encore, loin de l'attrait esthétique des villages qui font la fierté de la Provence pittoresque, est envahie par des hangars commerciaux et des zones d'activité sans conception urbaniste, sans âme ni identité architecturale .
En plus de ce phénomène d’étalement urbain se cache une problématique plus importante encore que l’esthétique du paysage: l'impact écologique. Les quarante dernières années ont été témoins d’une très forte artificialisation des sols naturels et d’une réduction considérable des terres agricoles nourricières. L'étalement urbain nécessite le tout-voiture et menace la biodiversité. Avec la Loi SRU de 2000 pour la solidarité et le renouvellement urbain, les modes d’urbanisation ont été profondément modifiés, et la notion de développement durable est apparue. Nos PLU et le SCoT ont été élaborés selon ces nouvelles directives.
Pourtant, la vie à la campagne continue de faire rêver des millions de français. Selon une étude réalisée par Century 21 en 2017, 71% des interrogés préféreraient habiter une maison avec jardin plutôt qu’un appartement. Un pourcentage élevé de français y est incité par les aides financières de l'État qui encouragent les ménages à posséder une maison neuve à la périphérie des villes, ce qui contribue à la dynamique de l'étalement urbain. Il s'agit des prêts à taux zéro, de fiscalité favorable aux logements neufs, des maisons neuves de promoteurs à bas prix, de faibles taux d'intérêts ... On assiste donc à deux dynamiques contraires qui se neutralisent: le désir de lutter contre l'étalement urbain et des mesures incitatives qui encouragent la construction de nouveaux logements à la périphérie de nos villages. Exemple les multiples petits lotissements à Callian, à Montauroux et même à Tourrettes.
Alors attendons de voir ce que notre communauté de communes va faire pour le SCoT et ensuite imposer sa compatibilité avec les PLU des communes. Il faudra ben sûr commencer par une étude par un cabinet de conseils spécialisés.
Mis en ligne le 26/06/2021 pratclif.com