Ce billet sur l'utilisation du pôle multi-modal de Montauroux crée en 2020, face au collège Léonard de Vinci, m'a amené à ces réflexions. Il fallait faire ce pôle multi modal. Pour permettre le co-voiturage domicile-lieux de travail. C'est une infrastructure nouvelle. Ce pôle est-il utilisé? Pourquoi le proposer pour des navettes gratuites, cet été 2021, vers les bases nautiques du lac de Saint-Cassien?
Quelle sera la mobilité après la fin du pétrole et la voiture individuelle multi-usages: trajets courts, trajets du travail, trajets de loisirs proches et vacances à grande distance?
L'Europe a annoncé cette semaine un plan qui se veut ambitieux de transition vers une économie carbone neutre en 2050: la réduction de 55% du CO2 en 2030 et la fin des véhicules thermiques essence et diesel en 2035. Ce programme va susciter d'intenses débats en Europe; quel que soit le rythme, l'objectif c'est la neutralité carbone. Le changement climatique avéré, dénié si longtemps par les producteurs de pétrole et leurs affidés, est là. Quasiment plus personne dans le monde ne nie la réalité du changement climatique provoqué par l'utilisation massive des combustibles fossiles, charbon, pétrole et gaz naturel. La Chine aussi a lancé cette semaine un vaste plan de vente de droits à polluer.
Mon propos ici est de m'interroger sur ce que l'après pétrole sera pour la mobilité en pays de Fayence, territoire semi urbain et semi rural, à forte proportion de logements résidentiels, très dispersés à la périphérie des villages anciens, restés peu changés. En juin 2021, les délibérations de la Communauté de Communes pour une révision du SCOT, et du maire de Montauroux pour une révision du PLU de sa commune, pour limiter à 0.4% par an la croissance de la population sur les 15 années futures, et pour préserver les paysages et la ruralité du territoire, sont autant de questions qui méritent des réflexions. Car une fois le SCOT modifié dans ce sens, les communes devront modifier leurs PLU pour qu'ils soient compatibles avec le 0.4% de croissance de la population. Je pense que la question "quelle mobilité après la fin du pétrole en 2035" doit être inscrite dans les critères de la révision du SCOT et des PLU.
Le taux de croissance de la population à 0.4% par an n'a pas été choisi de manière arbitraire. 0.43% est le taux d'accroissement de la population française de 2008 à 2018. Limiter la croissance de la population à 0.4% en moyenne par an, c'est limiter la construction de nouveaux logements du même taux, sur l'ensemble du territoire. Depuis 60 ans, la croissance de la population en pays de Fayence est exogène: la croissance endogène est négative: le nombre de décès excède le nombre de naissances. La croissance de la population provient de migrants du Nord et d'Europe; la plupart sont des retraités aisés, capables d'acheter des terrains et des logements chers mais moins que sur la côte, et des actifs des Alpes Maritimes, territoire saturé où le foncier est beaucoup plus cher. Le taux de croissance de 1.3% retenu dans le SCOT à réviser reflète la grande attractivité de notre territoire. La capacité de transport par les véhicules modernes, plus économes en énergie, plus sûrs et très équipés en gadgets électroniques d'aide à la conduite, permet d'effectuer sans fatigue des trajets loin du lieu de travail. Ces véhicules toujours plus performants à chaque renouvellement, permettent ainsi d’habiter toujours plus loin du lieu de travail; par effet rebond, la croissance des déplacements produit davantage de gaz à effet de serre.
Limiter la croissance de la population, préserver les paysages et la ruralité, c'est arrêter l'artificialisation des sols; garder l'équilibre atteint à ce stade, entre les espaces urbanisés, les espaces forestiers et agricoles; et développer les usages agricoles et forestiers, comme avant le bond en avant de la mobilité automobile qui n'a pas cessé depuis les années 1960. Tout le développement depuis les années 1960 (6 décennies) a été permis par les transports et la voiture individuelle, donc par le pétrole à un cout toujours accessible. A quoi nous sert ce fameux pétrole? par Jean-Marc Jancovici.
Paradoxe: la voiture individuelle multi-usages, reste un acquis social essentiel dans notre imaginaire collectif depuis les années 1960. Tout y est centré: l'économie, la construction automobile, la publicité des constructeurs, l'innovation dans les performances des voitures, la concurrence entre les constructeurs pour capter les meilleures parts de marché, le crédit longue durée et le leasing total avec option d'achat en fin de contrat.
Qu'est ce que la mobilité physique? Se rendre au travail; aller faire des courses et s'approvisionner en nourriture et en biens de consommation, se rendre chez le médecin et aux centres de services de santé, à la banque, à la compagnie d'assurance, à l'école et aux services publiques... En ville, les besoins de mobilité sont facilités par les transports en commun; chacun peut se rendre aux divers points de services à pied ou par les transports en commun. L'usage de la voiture individuelle est réduit, à la fois à cause de l'emplacement nécessaire de parking et de la proximité des commerces et des services. En espace rural, l'usage de la voiture individuelle est impératif. Il sera impossible de s'en passer. L'Insee calcule que nous utilisons la voiture entre 3.5 et 4 fois par jour pour nos déplacements. Il faudra donc réduire nos déplacements, utiliser d'autres moyens, et utiliser davantage les moyens numériques, le télé-travail par exemple.
La France est urbanisée pour 81% de sa population. Grandes métropoles et villes et leurs communes périphériques: Paris-Île de France, Lyon, Marseille, Lille, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Grenoble, Montpellier, Nice, Toulon... Pour la partie rurale du pays où nous sommes, la mobilité est assurée par la voiture individuelle multi-usages, à moteur thermique donc par le pétrole. Après la fin du pétrole quelle sera la mobilité? Cette intéressante thèse très documentée de Anaïs Rocci est une base de connaissances. "De l’automobilité à la multimodalité?"Analyse sociologique des freins et leviers au changement de comportements pour une réduction de l’usage de la voiture.
La structure administrative et politique du pays de Fayence, aujourd'hui avec ses 9 communes dispersées sur un territoire de 410km2, est-elle adaptée au monde sans pétrole de demain? Toutes les données statistiques du pays de Fayence en population, logements, transports, professions, emplois etc... sont ici. Nous devrons changer nos comportements de mobilité, être plus économes en trajets, adopter d'autres moyens de transport - le vélo - et numériser une partie croissante de nos échanges. C'est la plaine qui continuera d'être le centre de tous nos échanges; elle sert principalement les 4 communes noyau - Montauroux, Callian d'une part, Tourrettes et Fayence séparément d'autre part - et leurs périphéries: Seillans, Mons et Saint-Paul en Forêt. Bagnols en Forêt a ses propres commerces (Carrefour Contact) et son aire d'influence est Fréjus. Tanneron est moins dotée en surfaces commerciales, et son aire d'influence est Pégomas et Mandelieu.
Le long des principales routes de circulation qui desservent les villages, il n'y a ni chemin piétonnier, ni piste cyclable; c'est le tout voiture depuis les années 1960 qui s'est imposé, Par manque de volonté politique. Le récent pôle multimodal de Montauroux se limite au covoiturage; à quand un transport collectif? il n'y a pas de piste cyclable le long de la D37 depuis l'autoroute jusqu'à la RD562.
Voici la contribution du collectif "demain pays de Fayence": sur les modes de transport doux (covoiturage et vélos) et le tourisme vert.
Vidéo: Mobilité des salariés : quelles perspectives dans le monde d'après ?
Mis en ligne le 17/07/2021 
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