Elections Départementales de 2015 : Le profil des électeurs et les clés du scrutin

Cette analyse du scrutin du 22 mars 2015 est extraite du site de l'IFOP (lien)

Les résultats de ce premier tour des élections départementales ont été marqués par une abstention élevée qui s’est établie à 49,7%. C’est parmi les électeurs de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle que l’abstention a été la plus forte (56%), suivis par les électeurs de François Bayrou (45%, mais le Modem présentait très peu de candidats) et de François Hollande (44%). Les électorats des droites se sont davantage mobilisé (respectivement 39% et 41% d’abstentionnistes dans les électorats de Nicolas Sarkozy et de Marine Le Pen), même si le différentiel de partition entre l’opposition et la majorité gouvernementale n’est pas autant marqué qu’il l’était aux élections européennes.

Ayant pratiqué l’union dans de très nombreux cantons et bénéficiant du rejet de l’exécutif (40% des électeurs ayant voulu sanctionner le gouvernement soit 16 points de plus que lors des élections municipales), l’UMP, l’UDI et le Modem se placent en tête avec 29,5% des suffrages, scores auxquels il faut ajouter environ 3 points des 7 points obtenus par les Divers Droite dont certains étaient les seuls représentants de la droite et du centre dans leur canton et bénéficiaient du soutien des partis de droite et du centre. Confirmant sa dynamique des européennes, le FN atteint 25,7% des voix, soit le meilleur score que ce parti ait jamais enregistré au plan national. Ce résultat est d’autant plus impressionnant que le parti lepéniste ne pouvait pas s’appuyer sur un large réseau d’élus locaux, élément qui demeure important dans ce type de scrutin. Le PS quant à lui obtient 21,5% des voix (ce faible niveau ayant provoqué son élimination dans plus de 500 cantons). On peut agréger à ce score 2 points des Divers Gauche (qui en recueillent 6,8% au total) car à l’instar de certains Divers Droite certains de ces candidats étaient soutenus par le PS qui ne présentait pas de candidats face à eux dans certains cantons.

La sociologie des différents électorats reste très typée. Ainsi le bloc UMP-UDI réalise ses meilleurs résultats parmi les 65 ans et plus (40% contre 26% auprès des moins de 35 ans) et des professions libérales et des cadres supérieurs (33%) mais n’atteint que 19% parmi les ouvriers et employés. Les catégories populaires, quand elles sont allées voter, se sont massivement tournées vers le FN avec un total de 43% de voix dont 38% parmi les employés et 49% auprès des ouvriers. Le FN peine en revanche toujours à pénétrer parmi les cadres supérieurs et les professions libérales (13%), les retraités (20%) et est toujours handicapé par le « gender gap » puisqu’il obtient 30% chez les hommes contre 22% auprès des femmes. Si la structure par âge du vote PS est très équilibrée (23% parmi les moins de 35 ans contre 21% chez les plus de 35 ans), le clivage sociologique est assez marquée : 28% chez les cadres supérieurs et professions libérales contre seulement 16% pour les milieux populaires et 29% parmi les salariés du public contre 18% auprès de leurs homologues du privé.

Les résultats de l’enquête donnent également des informations précieuses concernant les transferts de voix et la circulation des différents électorats. On constate ainsi que les candidats du FN ont bénéficié du soutien de 87% de l’électorat de Marine Le Pen à la présidentielle (9% votant pour des candidats UMP-UDI) mais qu’ils ont également capté 18% de l’électorat de Nicolas Sarkozy, 8% de celui de François Hollande, 9% de celui de Jean-Luc Mélenchon et 6% de celui de François Bayrou. La dynamique frontiste s’explique donc par une forte fidélisation de son socle présidentiel et par une capacité à mordre significativement sur l’électorat de droite tout en drainant également des voix à gauche et au centre. Les candidats UMI-UDI quant à eux captent 62% de l’électorat sarkozyste (15% votant pour les Divers Droite) et 50% de l’électorat de François Bayrou, 17% optant pour les divers droite et 24% pour des candidats de gauche. Si les candidats du PS recueillent 63% des voix de François Hollande, ces dernières se sont assez dispersées : 14% allant sur les Divers Gauche ou les Verts, 6% sur le Front de Gauche, 8% à droite et 8% sur le FN.

  1. Les résultats sous forme graphique
  2. Voir l'étude de l'ifop dans son intégralité (pdf).
  3. Actualités départementales 2015


Mis en ligne le 01/08/2014 pratclif.com